« TEL QUE » SUIVI D’UN PARTICIPE PASSÉ
Dénoncée depuis longtemps par plusieurs auteurs au Canada, la construction « tel que » + participe avait semblé un moment faire son chemin dans l’usage (voir notamment F. LEROUX in L’actualité terminologique, vol. 17, n° 1, p. 10; (GÉMAR). Pourtant, la dernière édition du HANSE est formelle :
Mais ce qu’il faut très nettement proscrire, c’est l’emploi de tel que dans le sens de comme. Par exemple : Une nouvelle réunion se tiendra l’automne prochain [tel que prévu]. Le tour semble familier aux Canadiens, non seulement devant un participe passé se rapportant à un nom qui précède (Voici le texte [tel que demandé] au lieu de tel que vous l’avez demandé), mais même sans ce rapport : [Tel que suggéré] dans votre lettre, j’ai fait retaper le texte. On préférera : Comme vous l’avez suggéré… [caractères gras ajoutés]
C’est sans aucun doute sous l’influence de l’anglais que ce tour est devenu « familier aux Canadiens ». Il n’en reste pas moins condamnable, et la raison est bien simple : « tel » est un adjectif qui doit obligatoirement se rapporter à un substantif ou à un pronom identifiable, sujet du participe. Voilà pourquoi la formule <Tel que suggéré dans votre lettre…> est tout à fait asyntaxique, l’adjectif « tel » ne se rapportant à aucun substantif.
Mais même avec « comme » et « ainsi que », conjonctions qui n’ont pas besoin de se rapporter à un substantif ou à un pronom, le bon usage répugne encore à l’ellipse du verbe, sauf dans certains tours du genre « comme convenu » et « comme prévu », maintenant tenus pour corrects. En conséquence, on dira « comme il est mentionné ci-dessus », et non <comme mentionné ci-dessus>.
Pour la même raison, il vaut mieux éviter d’employer la tournure « tel que » + participe passé, et ce même dans le cas où « tel » se rapporte effectivement à un substantif ou à un pronom identifiable. Ainsi, au lieu de « Voici le texte <tel que demandé> », on dira : « Voici le texte tel que vous l’avez demandé ».
Mais encore faut-il que la présence de la tournure soit utile. En effet, il ne faut jamais oublier le rapport de comparaison qu’elle introduit. Ainsi, en parlant du rapport « tel que vous l’avez demandé », on laisse entendre que le destinataire a posé des exigences de forme, de contenu, etc. Or, si cette idée n’est pas pertinente, on dira tout simplement « Voici le texte demandé ».
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