COMPENSER OU INDEMNISER?

The Guide fédéral de jurilinguistique législative française is a collection of articles dealing exclusively with issues in the drafting of French legislative texts. The very nature of the work causes it to be available in French only.

« Les entreprises n’ont pas été <compensées pour> les pertes <encourues> lors de la tempête de glace […] Québec dénonce le refus d’Ottawa de <compenser Hydro-Québec pour> les pertes <encourues> en raison de la tempête de glace. »

On a pu récemment entendre des dizaines de fois les mêmes phrases — ou des phrases très semblables —, qui toujours contiennent les mêmes erreurs, dont celle qui nous occupe ici.

En effet, si l’on peut compenser un préjudice (c’est-à-dire le réparer) — et non <compenser pour>, qui est un anglicisme syntaxique —, on ne saurait en aucun cas <compenser une personne pour une perte> : il s’agit là encore d’un calque fautif de l’anglais. Car, en français, c’est le terme indemniser* qu’il convient alors d’employer. Indemniser une personne, c’est la dédommager (autre terme possible) en valeur de la perte qu’elle a subie; c’est ainsi qu’on parlera de l’indemnisation des sinistrés par l’État.

Par ailleurs, il importe de noter que le substantif compensation n’a pas, contrairement à son homographe anglais, le sens de « rémunération » mais exprime en général, de même que le verbe compenser, l’idée de rétablir un équilibre qui a été rompu — et notamment celle d’équilibrer quelque chose de négatif par quelque chose de positif —, comme en témoigne l’expression à titre de compensation.

Enfin, la somme d’argent que touche la victime en compensation de sa perte, c’est l’indemnité.

* C’est la préposition de qu’il convient d’employer devant le complément d’objet (indemniser quelqu’un de ses pertes); dans certains cas, pour peut cependant être préférable (indemniser quelqu’un pour son déménagement).