Des réactions différentes, selon l'âge et le stade de développementNote de bas de la page 2

Source : Parce que la vie continue... Aider les enfants et les adolescents à vivre la séparation et le divorce, Agence de santé publique du Canada, 1994. Reproduit avec l'autorisation de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 2006.

Bien que tous les enfants, préadolescents et adolescents aient en commun certains besoins et objectifs de développement, tel un profond besoin de faire confiance à autrui et à l'univers qui les entoure, l'âge et le stade de développement ont une influence déterminante sur la façon dont ils réagissent à une situation. Le fait de comprendre comment les enfants et les adolescents grandissent et se développent vous permettra de mieux prévoir les changements de comportement éventuels de vos enfants et le type de soutien dont ils auront besoin.

Cette section de la brochure vous permettra de :

Vous trouverez ci-après des renseignements précis, à chaque stade du développement – de la première enfance à l'adolescence, sur :

Quel que soit l'âge de vos enfants, vous lirez avec profit les renseignements relatifs à chaque stade de développement. En prenant connaissance de l'ensemble de cette section, vous serez en mesure de comprendre les changements que subissent les enfants durant leur développement et de prévoir les besoins et les changements de comportement de vos enfants. De plus, puisque chaque enfant est unique, il est fort possible que ni ses réactions ni la façon dont vous pouvez l'aider ne « cadrent » avec son groupe d'âge. Ayez à l'esprit que certains sentiments et certains besoins peuvent survenir à divers stades de développement. Enfin, rappelez-vous que ce qui fonctionne pour un enfant à une certaine étape peut tout aussi bien s'appliquer à des enfants d'un autre groupe d'âge.

Les bébés et les tout-petits (de la naissance à 2 ans)

Au cours des deux premières années de vie, l'enfant se développe à une vitesse incroyable. Depuis sa naissance, l'enfant a rapidement acquis la capacité de comprendre une grande partie de ce qu'on lui dit et de ce qui se passe autour de lui. La croissance physique est tout aussi rapide : hier encore il se traînait à quatre pattes, aujourd'hui il court. À mesure qu'il acquiert de nouvelles compétences, l'enfant devient plus autonome, mais il continue de dépendre presque totalement de ses parents. Le départ du parent qui lui donne des soins le plus souvent, même si celui-ci quitte tout simplement la pièce, suffit souvent à plonger l'enfant dans le désarroi. Le bébé trouve parfois très difficile d'être privé de la présence de ce parent, ne serait-ce que quelques heures, et même si on le confie aux soins d'une personne qu'il connaît.

Au cours de ce stade critique de leur développement, les nourrissons et les tout-petits ont un intense besoin de stimulation et d'attention chaleureuse. Lorsque les bébés sont cajolés et reçoivent des soins attentionnés, ils sont plus portés à se sentir en sécurité auprès des adultes qui s'occupent d'eux. Or, les très jeunes enfants peuvent sentir que leur parent est bouleversé et le devenir tout autant. Les enfants de tous âges sont remarquablement sensibles à l'anxiété et au désarroi de leurs parents.

Même s'ils progressent constamment sur le plan intellectuel, les bébés et les tout-petits ont toujours une compréhension limitée de leur univers. La modification de leurs habitudes de vie et les conflits entre les parents constituent des expériences troublantes et douloureuses pour les très jeunes enfants. Il arrive qu'après la séparation ou le divorce des parents, leur vie soit instable, déroutante, parfois même angoissante.

Les conflits entre les parents sont préjudiciables

Beaucoup de parents ne réalisent pas à quel point les conflits perpétuels entre conjoints peuvent perturber les bébés et les tout-petits. Vous avez peut-être la fausse impression que votre enfant est indifférent aux disputes puisqu'il n'en comprend pas l'objet. En réalité, s'il est vrai que les bambins saisissent rarement la teneur des propos agressifs échangés entre leurs parents, ils sont parfaitement conscients des émotions qui sont exprimées. Il importe que vous conserviez une attitude calme et positive en présence de votre enfant.

Être séparé de ses parents est douloureux

Être séparé de ses parents est douloureux, quelles que soient les circonstances. L'attachement d'un bébé envers la personne qui lui prodigue des soins est nécessaire à son développement et à sa santé psychologique. En autant que l'on évite les longues séparations et veille de façon constante et attentive à la santé du bébé, celui-ci s'attachera aux principaux dispensateurs de soins. Voilà pourquoi il est si important que les bébés et les tout-petits conservent un lien étroit avec les deux parents. De fréquents contacts avec le parent qui ne vit plus à la maison peuvent aider l'enfant à être moins anxieux. Les parents qui ne vivent pas avec leurs enfants doivent faire preuve de patience envers leurs jeunes enfants et prendre le temps de les réapprivoiser à chaque séjour. Le parent croit parfois que la timidité initiale de l'enfant démontre que ce dernier ne l'aime pas. Il se sent évidemment blessé et découragé, et a tendance à espacer de plus en plus les visites, ce qui ne fait qu'aggraver le problème. La solution ne consiste pas à voir l'enfant moins souvent, mais bien plus souvent. Le parent pourrait aussi faire en sorte que l'enfant ait une photographie de lui. Les deux parents devraient tout mettre en œuvre pour aider le bambin à se sentir à l'aise lors de ces visites.

Indices de problèmes éventuels

Soyez à l'affût des indices qui donnent à penser qu'un jeune enfant est en difficulté – se réveiller la nuit, mouiller son lit, perdre l'appétit, avoir un comportement agressif, perdre les acquis sur le plan du langage et de la propreté. (Voir en outre « Réactions au stress ») Les bébés et les tout-petits expriment de la colère si leurs attentes sont insatisfaites. Attendez-vous à des crises si les soins ne leur sont plus prodigués avec la même régularité; si les activités amusantes sont moins fréquentes ou de plus courte durée; si l'enfant doit attendre avant qu'on le nourrisse, qu'on lui fasse la lecture, qu'on le berce ou qu'on joue avec lui. D'autres indices traduisent la détresse de l'enfant, notamment les frayeurs et les changements d'humeur; l'enfant fera des crises pour un rien, se repliera sur lui-même, sera sans entrain.

Respecter une routine

Les bébés et les tout-petits ont besoin de stabilité et de continuité. Une fois que les parents ont décidé du partage des responsabilités parentales et trouvé un service de garde, il leur incombe de respecter l'horaire de l'enfant :

Les enfants d'âge préscolaire (entre 3 et 5 ans)

Durant les années qui précèdent son entrée à l'école, l'enfant connaît une croissance accélérée sur les plans physique, intellectuel et affectif. L'objectif de l'enfant d'âge préscolaire est de devenir indépendant.

Si les enfants de ce groupe d'âge ont déjà fait des progrès notables physiquement et psychologiquement, leur compréhension de la séparation et du divorce n'en demeure pas moins sommaire. Ainsi, étant donné que l'enfant perçoit toutes les relations en fonction de lui-même, il arrive qu'il croit être la cause de certains événements. Les enfants sont souvent convaincus qu'ils sont responsables des soucis et des angoisses de leurs parents, voire même de la séparation ou du divorce.

Une imagination débordante

Les enfants qui ont entre 3 et 5 ans ont aussi beaucoup de difficulté à faire la distinction entre ce qu'ils imaginent et la réalité. Ils risquent donc de devenir confus. L'enfant peut s'imaginer que sa mère l'a abandonné, que son père ne l'aime plus, ou croire qu'il est puni parce qu'il n'a pas été gentil. Les enfants d'âge préscolaire sont très curieux et ils tenteront activement de comprendre ce qui se passe dans leur vie. Ils demanderont : « Pourquoi ? » « Comment ça se fait ? » et « Qu'est-ce qui arrivera si... » Et ils sont maintenant en mesure de tenter de trouver eux-mêmes des réponses. Cette capacité de comprendre certains événements risque d'alimenter leurs craintes.

Les enfants d'âge préscolaire aiment écouter des histoires et adorent inventer des choses. Ils aiment les histoires truffées d'exagérations et, souvent, ils croient l'histoire qu'ils viennent tout juste de raconter. Les parents ne doivent pas se dire pour autant que leur enfant ment; en fait, ils devraient plutôt considérer ces fabulations ou ces « inventions » comme une occasion d'échanger de l'information et de renforcer la compréhension.Note de bas de la page 3

Le besoin de la mère et du père

L'enfant d'âge préscolaire n'a pas encore atteint sa pleine autonomie sur les plans social et affectif. La présence des parents et la stabilité du foyer sont essentielles à sa sécurité affective. À ce stade, l'enfant a également besoin de son père et de sa mère – il commence à développer une relation avec son père qui diffère de celle qu'il entretient avec sa mère. Il ressent un profond sentiment de perte si l'un des parents est moins présent dans sa vie. Non seulement la présence et l'affection du parent absent lui manquent dans bien des cas, mais certains de ses besoins physiques et affectifs pourraient n'être pas comblés. Souvent, l'enfant est déchiré par la crainte insurmontable de perdre ses deux parents. Tout comme les bébés et les tout-petits, les enfants d'âge préscolaire ont besoin de voir le parent qui ne vit plus avec eux très souvent. Il convient que les parents tiennent compte de tout cela lors de l'élaboration du plan de partage des responsabilités parentales.

La personnalité est déterminante

La personnalité joue un rôle crucial au cours du développement de l'enfant et la façon dont ce dernier réagit à la séparation ou au divorce est largement conditionnée par sa personnalité. Quand l'enfant a entre 3 et 5 ans, les parents ont déjà eu le temps de constater comment il réagit au stress. Certains boudent, d'autres répondent avec insolence ou manifestent de la colère, tandis que d'autres encore se montrent soumis ou obéissants à l'excès. Il est bon de savoir que dans certains cas, un enfant sera incapable d'exprimer ses émotions et de réagir au stress comme il le fait d'habitude et trouvera alors des moyens d'expression différents. Un enfant généralement direct ou bavard se repliera brusquement sur lui-même; un autre qui est normalement soumis ou obéissant se montrera soudain peu coopératif.

Il est essentiel que les parents résistent à la tentation de laisser un enfant soumis ou obéissant prendre soin d'eux et n'ignorent pas l'enfant qui a le moins d'exigences. Il importe en outre de ne pas se contenter de punir un enfant colérique et désagréable, mais de tenter aussi de comprendre le désarroi qui a engendré ce comportement et de l'apaiser.

Réactions au stress

Une régression du comportement de l'enfant est souvent révélatrice de son désarroi. Il se peut que certaines habitudes de vie soient modifiées, par exemple :

Les enfants d'âge préscolaire peuvent adopter toute une gamme de comportements émotifs dans un court laps de temps. À ce stade, c'est généralement la colère qui révèle leur chagrin et leur détresse. Les jeunes enfants expriment couramment leur colère en frappant, en donnant des coups de pied, en lançant des objets, en pinçant les autres enfants ou en crachant sur eux. Ces manifestations de colère envers les amis ou les frères et sœurs traduisent souvent le trouble de l'enfant ou son ressentiment face à la séparation ou au divorce.

Les peurs sont aussi un indice d'anxiété ou de tensions chez les enfants d'âge préscolaire, en particulier si elles sont causées par des événements face auxquels l'enfant était auparavant à l'aise. Les enfants d'âge préscolaire qui sont perturbés peuvent également témoigner de la tristesse, se replier sur eux-mêmes ou manquer d'énergie.

Vous devez cependant vous rappeler que beaucoup de ces sentiments et de ces réactions peuvent être simplement liés à l'évolution normale de l'enfant. Ils ne sont pas, en soi, un indice de problème. Il y a toutefois lieu de s'inquiéter si leur intensité est inhabituelle, s'ils durent très longtemps et entravent de façon notable la vie de l'enfant.

Réduire le stress

Vous pouvez aider votre enfant d'âge préscolaire à s'adapter à la séparation et au divorce en éliminant ou en réduisant les événements qui le perturbent, en le rassurant et en veillant à sa stabilité et à son bien-être. En permettant régulièrement à votre enfant d'exprimer ses sentiments, ses craintes et ses fantasmes, vous l'aidez du même souffle à surmonter les événements qui sont, chez lui, générateurs d'anxiété. Vous devez, pour ce faire, être à l'écoute de votre enfant et être attentif à ses réactions. Vous devez en outre communiquer avec votre enfant avec attention et compréhension.

Les services de garde

Le fait pour un enfant de savoir avec certitude qui le gardera et à quel endroit lui procure un sentiment de stabilité et de sécurité. Vous devez veiller à :

Dans la mesure du possible, il serait bon que votre enfant ne change pas de service de garde, du moins pendant la crise initiale qui accompagne la séparation et le divorce. La familiarité de la routine est une source de sécurité pour l'enfant. Tout bouleversement de leur horaire dérange les enfants d'âge préscolaire. S'il est inévitable ou nécessaire de modifier la routine quotidienne, vous devez expliquer les raisons de ce changement.

Vous aiderez votre enfant d'âge préscolaire à s'adapter à un nouveau lieu de garde si vous vous y rendez avec lui au préalable.