Fiche d’information : Principaux faits historiques concernant le racisme et la discrimination envers les personnes noires au Canada
Les contributions apportées par les personnes noires à tous les aspects de la société sont omniprésentes dans l’histoire du Canada et se poursuivent aujourd’hui. Alors que les personnes noires canadiennes continuent d’enrichir notre pays, leur histoire au Canada est une d’oppression, de résistance et de persévérance. Bien qu’une grande partie de débuts de l’histoire de la population noire au Canada ait été marquée par l’esclavage et la ségrégation, les personnes noires ont fait preuve d’une résilience inébranlable au fil du temps.
En faisant preuve d’avant-gardisme et en défendant leur cause, les personnes noires ont franchi diverses étapes et accompli des exploits qui ont contribué à la société canadienne. Cette contribution a influencé et défini la culture canadienne et façonné l’histoire du pays.
Bien que l’esclavage des personnes d’origine africaine ait marqué l’histoire canadienne, il est important de se rappeler que l’histoire des personnes noires ne commence pas avec l’esclavage. En effet, les sociétés africaines avaient des histoires et des cultures riches et diversifiées, avec leurs propres organisations politiques, systèmes économiques, pratiques artistiques et technologies.
En tant que Canadiens et Canadiennes, nous devons reconnaître et comprendre notre histoire afin d’aller de l’avant malgré les erreurs et les injustices du passé et de parvenir à la pleine égalité pour tous. La chronologie suivante met en lumière certains des événements les plus importants de ce pan de l’histoire canadienne.
1501 — 1867 : La traite transatlantique des esclaves était une forme extrême d’esclavage qui déshumanisait les Africains et leurs enfants en les traitant comme des biens sans droits plutôt que comme des personnes. Cette traite des esclaves a permis l’enlèvement et la traite de plus de 12,5 millions d’Africains pour remplacer le nombre décroissant de personnes autochtones asservies. Près de 2 millions de personnes ont péri pendant le voyage et un nombre inconnu sont mortes avant même le voyage. L’Assemblée générale des Nations Unies a désigné le 25 mars comme Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, à partir de 2008.
1604 : Mathieu Da Costa, interprète multilingue, devient la toute première personne noire à arriver en sol canadien.
1628 : Olivier Le Jeune est la première personne noire à vivre en Nouvelle-France (Canada). Esclave africain enlevé dans son pays alors qu’il était un jeune enfant, son nom vient du prêtre qui l’a acheté.
1629 — 1834 : Plus de 4 000 personnes d’origine africaine ont été réduites en esclavage dans les colonies britanniques et françaises qui sont devenues le Québec, l’Ontario, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick.
1689 : En raison de la pénurie de main-d’œuvre, le roi Louis XIV autorise les colons à réduire en esclavage des Africains et des Autochtones de la nation Pawnee en Nouvelle-France. La poursuite de l’esclavage est une condition précise mentionnée dans les Articles de capitulation , par lesquels la Nouvelle-France est cédée à la Grande-Bretagne en 1760.
1732 : Le gouverneur de la Nouvelle-France réduit en esclavage un Noir qui était arrivé de la Nouvelle-Angleterre en quête de liberté, en se basant sur le fait qu’« un Noir est un esclave, où qu’il se trouve ».
1734 : Marie-Joseph Angélique, une femme noire asservie, est accusée d’avoir provoqué un incendie qui a causé d’importants dégâts à Montréal. Angélique clame son innocence, mais est déclarée coupable d’incendie criminel et pendue.
1767 : Alors que de nombreuses personnes noires sont venues au Canada en tant qu’esclaves de colons blancs, en 1767, 104 personnes noires libres vivent en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et sur l’Île-du-Prince-Édouard.
De 1775 à 1783 : La liberté est offerte aux esclaves africains qui acceptent de se battre pour les Britanniques pendant la Guerre d’indépendance des États-Unis. On estime donc que 10 % des loyalistes de l’Empire-Uni arrivés au Canada après la guerre sont noirs. Communément appelés « loyalistes noirs », ces combattants sont victimes de discrimination au Canada, ce qui pousse certains d’entre eux à retourner aux États-Unis, pays où ils ont été réduits en esclavage, ou à s’établir en Sierra Leone, sur le continent africain. Certains anciens combattants noirs voient leur procédure d’attribution de terres ralentie ou reçoivent des parcelles beaucoup plus petites, ou ne reçoivent aucune terre dans certains cas, malgré les promesses faites.
1777 : Un groupe de personnes asservies fuit l’Amérique du Nord britannique pour l’État du Vermont, où l’esclavage a été aboli.
1793 : Le triste sort de Chloe Cooley, Africaine asservie et vendue à un nouveau propriétaire aux États-Unis, inspire les militants antiesclavagistes du Canada et John Graves Simcoe, lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, à promouvoir l’adoption de la Loi coloniale pour prévenir l’introduction d’autres esclaves et pour limiter la durée des contrats de servitude , qui est venue interdire l’entrée de nouveaux esclaves en Ontario. Bien que cette loi ne prévoie pas la libération des esclaves qui se trouvent déjà en Ontario, le Canada devient une destination pour les esclaves en quête de liberté, ce qui renforce le mouvement abolitionniste, même si l’esclavage se poursuivra au Canada pendant encore 40 ans.
De 1800 à 1865 : Quelque 30 000 personnes noires arrivent au Canada par le Chemin de fer clandestin.
1815 : Les vétérans noirs de la guerre de 1812, dont certains sont des hommes libres et d’autres, des esclaves, reçoivent des concessions de terres en Nouvelle-Écosse et en Ontario, même si nombre d’entre elles ne sont pas adaptées à l’agriculture.
1825 : l’Île-du-Prince-Édouard prononce l’abolition complète de l’esclavage.
1830 : Dans une affaire historique qui a jeté les bases du droit canadien en matière d’extradition, le lieutenant-gouverneur du Haut-Canada a refusé d’extrader vers les États-Unis Lucie et Thornton Blackburn, esclaves qui s’étaient évadés. Les Blackburn ont ensuite fondé la première compagnie de fiacres de Toronto, ont œuvré à l’abolition de l’esclavage et ont contribué au mieux-être de leur communauté.
1833 : L’esclavage est aboli au Canada par la Loi sur l’abolition de l’esclavage dans l’Empire britannique .
Début des années 1850 : Les personnes noires du Canada appuient le mouvement antiesclavagiste mondial en fondant deux journaux abolitionnistes, soit The Voice of the Fugitive (1851) et The Provincial Freeman (1853). Le second est fondé par Mary Ann Shadd, toute première femme noire à posséder et à publier un journal en Amérique du Nord.
1858 : Quelque 800 personnes noires libres quittent la Californie pour s’installer en Colombie-Britannique afin d’échapper à la discrimination et à l’oppression raciales, même s’ils sont confrontés au racisme au Canada.
1879 : De nombreuses familles noires commencent à quitter l’Oklahoma pour l’Alberta pour des raisons similaires, même si elles s’y heurtent à une opposition à leur immigration.
1896 : Le Dr Alfred Smitz Shadd est reconnu comme étant la première personne d’origine africaine à arriver en Saskatchewan. Le Dr Shadd a vécu dans les régions de Kinistino et de Melfort, où il a exercé la médecine, ouvert une pharmacie, dirigé une exploitation agricole mixte, été rédacteur en chef du journal de la ville et siégé au conseil municipal et à divers conseils d’administration.
1910 : Les familles noires fuyant la violence croissante et les lois ségrégationnistes dans le sud des États-Unis s’installent et établissent des communautés en Alberta et en Saskatchewan.
1910 : L’Acte d’immigration interdit les immigrants qui sont déclarés « inadaptés au climat ou aux besoins du Canada », bloquant dans les faits la plupart des immigrants non blancs.
1911 : Le premier ministre Wilfrid Laurier signe un décret interdisant pendant un an l’arrivée au Canada de « tout immigré appartenant à la race noire, qui est considéré comme inadapté au climat et aux exigences du Canada ».
1917 : Les hommes noirs employés comme porteurs de wagons-lits, qui n’étaient pas autorisés à adhérer à d’autres syndicats, ont créé l’Ordre des porteurs de wagons-lits (OSCP) à Winnipeg, au Manitoba. L’OSCP a été le premier syndicat noir en Amérique du Nord et a réussi à négocier de meilleurs salaires et une meilleure protection de l’emploi pour tous les porteurs.
1946 : Viola Desmond, femme d’affaires d’Halifax, est arrêtée pour avoir refusé de quitter son siège dans la section réservée aux personnes blanches d’un cinéma.
1962 : La ville d’Halifax démolit Africville, le quartier noir historique d’Halifax.
1962 : L’interdiction prévue à l’Acte d’immigration est réformée par la ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, Ellen Fairclough, première femme ministre du Canada.
1970 : Le 14 octobre 1970, le Canada ratifie la Convention internationale des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, qui est adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 21 décembre 1965.
1982 : La Charte canadienne des droits et libertés devient partie intégrante de la Constitution du Canada, ajoutant l’égalité comme droit garanti par la Constitution pour tous les Canadiens et Canadiennes. La Charte offre une protection juridique contre la discrimination fondée sur la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, le sexe, l’âge et les déficiences mentales ou physiques.
1983 : La dernière école ségréguée du Canada, située juste aux abords d’Halifax, à Lincolnville, en Nouvelle-Écosse, ferme ses portes.
1984 : Publication du rapport du Comité spécial de la Chambre des communes sur les minorités visibles dans la société canadienne, intitulé L’égalité ça presse!
1989 : Le rapport de la Commission royale sur les poursuites intentées contre Donald Marshall Jr met en évidence la nature de la discrimination raciale systémique à l’égard des populations autochtones et noires dans le système de justice pénale en Nouvelle-Écosse.
1992 : Dan Philip, éminente figure montréalaise de la défense des droits de la personne, a reçu la médaille commémorative du 125e anniversaire de la Confédération du Canada pour son travail de promotion de l’égalité et de lutte contre la discrimination systémique.
1993 : L’honorable Jean Augustine, pionnière en politique, militante sociale et enseignante, est devenue la première femme noire canadienne à être élue à la Chambre des communes. Mme Augustine a joué un rôle déterminant dans la proclamation officielle par le Canada du mois de février comme Mois de l’histoire des Noirs.
1995 : Publication du Rapport de la Commission sur le racisme systémique dans le système de justice pénale en Ontario.
1997 : La Cour suprême du Canada confirme, dans l’affaire R. c. S. (R.D.) ([1997] 3 RCS 484 ), que les commentaires d’une juge noire sur son expérience du racisme ne la rendent pas partiale dans une affaire criminelle impliquant une jeune personne noire.
2005 : La très honorable Michaëlle Jean devient la toute première gouverneure générale noire du Canada.
2008 : Le sénateur Donald Oliver, le premier homme noir nommé au Sénat, a présenté la motion visant à reconnaître les contributions de la population noire canadienne et à faire de février le Mois de l’histoire des Noirs. La motion a été approuvée à l’unanimité et adoptée le 4 mars 2008.
2010 : Le maire d’Halifax, Peter Kelly, s’excuse au nom des autorités municipales, provinciales et fédérales pour la démolition d’Africville en 1962.
2010 : Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse présente des excuses à Viola Desmond et lui accorde un pardon posthume.
2013 : Les Nations Unies proclament la période de 2015 à 2024 Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine .
2013 : Le Bureau de l’enquêteur correctionnel publie Étude de cas sur la diversité dans les services correctionnels : l’expérience des détenus noirs dans les pénitenciers .
2014 : Les évaluations de l’incidence de l’origine ethnique et culturelle sont élaborées en Nouvelle-Écosse par Robert S. Wright, travailleur social autorisé et sociologue, pour favoriser la prise en compte des effets du racisme envers les personnes noires et de la discrimination systémique dans les raisons pour lesquelles une personne noire accusée comparaît devant un tribunal.
2014 : Le 21 janvier devient la Journée Lincoln Alexander, une journée nationale de reconnaissance en l’honneur de Lincoln Alexander, premier député noir et lieutenant-gouverneur noir de l’Ontario.
2016 : À l’invitation du gouvernement du Canada, le Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine se rend au Canada dans le cadre d’une mission visant à y examiner la situation des personnes noires. À l’issue de sa mission, la délégation de trois membres des Nations Unies présente en 2017 le Rapport du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine sur sa mission au Canada , qui comporte des recommandations pour aider le Canada dans ses efforts de lutte contre toutes les formes de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie, d’afrophobie et d’intolérance connexe.
2018 : Le gouvernement du Canada adhère officiellement à la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine des Nations Unies. Il s’agit là d’un engagement important à prendre les mesures qui s’imposent pour s’attaquer aux problèmes touchant les personnes d’ascendance africaine au Canada, notamment en améliorant la recherche et la collecte de données, ainsi qu’en abordant les problèmes de santé mentale, la discrimination systémique et la surreprésentation des personnes noires dans le système de justice pénale, y compris en tant que victimes d’actes criminels.
2020 : La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) s’est excusée publiquement pour son rôle dans la destruction du quartier Hogan’s Alley, lequel abritait la première communauté noire de Vancouver, en Colombie-Britannique. En vertu de la Loi nationale sur l’habitation , la SCHL a financé jusqu’à 75 % de ce qui a été appelé à tort le « renouvellement urbain des collectivités ». Cela a donné le feu vert à la ville de Vancouver pour raser Hogan’s Alley, forçant la dispersion des résidents de l’ancienne communauté noire.
2021 : Les arrêts de la Cour d’appel de Nouvelle-Écosse (R c. Anderson , 2021 NSCA 62) et de l’Ontario (R c. Morris , 2021 ONCA 680) reconnaissent la réalité du racisme envers les personnes noires et de la discrimination systémique dans le système de justice pénale, ainsi que ses répercussions sur les personnes noires au Canada.
2021 : La Chambre des communes a voté à l’unanimité pour désigner officiellement le 1er août comme Jour de l’émancipation. Il marque le jour où, en 1834, la Slavery Abolition Act de 1833 (Loi sur l’abolition de l’esclavage ) est entrée en vigueur partout dans l’Empire britannique, ouvrant la voie à la libération de plus de 800 000 esclaves africains et leurs descendants dans des régions des Caraïbes, d’Afrique, d’Amérique du Sud et du Canada.
2021 : Publication du rapport du Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes, intitulé Le racisme systémique dans les services de police au Canada .
2022 : Le premier ministre et le ministre de la Défense nationale ont présenté leurs excuses officielles (106 ans après la formation du bataillon noir historique) aux hommes du 2e Bataillon de construction pour le racisme envers les personnes noires auquel ils ont été confrontés pendant la Première Guerre mondiale. Les membres du bataillon ont été contraints de vivre dans des camps de ségrégation et n’ont pas reçu de soins médicaux, de rations ou d’équipement adéquats.
2022 : La Hogan’s Alley Society a conclu une entente avec la ville de Vancouver pour la création d’une fiducie foncière communautaire visant à revitaliser le quartier de Hogan’s Alley, qui avait été détruit entre 1958 et 1967 pour laisser place à un plan de réaménagement d’un nouveau viaduc à Vancouver, en Colombie-Britannique.
2022 : Le 49e Rapport annuel du Bureau de l’enquêteur correctionnel a été présenté au Parlement, faisant état des inégalités de traitement envers les personnes détenues noires et autochtones placées sous garde fédérale.
2023 : La Déclaration d’Halifax pour l’éradication de la discrimination raciale est publiée à la suite du Sommet pancanadien des communautés noires en 2022. Le Sommet est un programme phare de la Fondation Michaëlle Jean.
2024 : La Commission canadienne pour l’UNESCO et l’Africville Heritage Trust (situé à Halifax, en Nouvelle-Écosse) ont annoncé la désignation d’Africville en tant que premier « lieu d’histoire et de mémoire lié à l’esclavage et à la traite » de l’UNESCO au Canada.
2024 : L’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé la période de 2025 à 2034, deuxième Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, une proposition appuyée par le Canada.