Enquête préliminaire sur les crimes dits « d'honneur » au Canada

Bibliographie annotée

ABU-ODEH, Lama. « Comparatively Speaking: The "Honour" of the "East" and the "Passion" of the "West" », Utah Law Review, vol. 2, 1997, p. 287- 307.
M. Abu-Odeh compare les codes juridiques des États-Unis en ce qui a trait aux régimes applicables aux « crimes passionnels », et ceux qui sont applicables aux « crimes d'honneur » perpétrés dans divers pays arabes. Les régimes applicables à ces deux types de crimes présentent des ressemblances. Les femmes de « l'Occident » sont vulnérables en raison de décisions judiciaires qui ont élargi l'accès à la défense de « crime passionnel ». En un sens, cette justification ou cette excuse est comparable aux codes juridiques arabes qui limitent les cas où l'on peut tenir compte des circonstances ayant entouré la perpétration d'un acte de violence contre un membre de la famille. Bien qu'il y ait des différences et des ressemblances entre les « crimes passionnels » et les « crimes d'honneur », on doit également tenir compte du contexte culturel dans son ensemble. Une approche générale de la violence faite aux femmes, qui met l'accent sur « les raisons pour lesquelles les hommes assassinent leurs épouses », occulte le fait que dans les pays de « l'Orient » les « épouses » sont assassinées moins souvent que les « filles » et les « sœurs ». De plus, dans certains pays arabes, des tribunaux ont rendu des décisions juridiques qui reflètent toujours le concept « d'honneur » traditionnel.
ARAJI, Sharon K. « Crimes of Honour and Shame: Violence against Women in Western and Non-Western Societies », The Red Feather Journal of Postmodern Criminology, 2000.
Dans les sociétés « occidentales », la violence perpétrée par les hommes contre les femmes devrait être perçue non seulement en termes de pouvoir et de domination, mais aussi en termes d'honneur et de honte. La violence liée à l'honneur est associée principalement aux sociétés « traditionnelles ». Toutefois, les concepts d'honneur et de honte sous-tendent également la violence faite aux femmes en « Occident », où ils sont compris et exprimés différemment que dans les sociétés dites « traditionnelles », où l'honneur de l'homme ou de la famille peut être vu comme dépendant du comportement sexuel approprié des femmes de la famille. La violence faite à la femme qui attire la « honte » sur la famille peut être tolérée par l'ensemble de la communauté et considérée comme étant la seule manière de restaurer l'honneur familial. Dans les cultures individualistes et capitalistes « occidentales », la source de la honte provient de l'individu et non de la communauté, et la violence qui en résulte est de nature privée puisque les lois des États et les sanctions sociales interdisent une telle violence.
ARIN, Canan. « Femicide in the Name of Honour in Turkey », Violence Against Women, vol. 7 no 7, 2001, p. 821-825.
Le défaut d'enquêter et d'intenter des poursuites dans les affaires de crimes d'honneur en font une forme de fémicide autorisé par l'État. En Turquie, où il est qualifié dans la loi comme constituant une infraction criminelle, le crime d'honneur est souvent perçu comme justifiable. L'article 52 du code criminel turc prévoit que pour obtenir une atténuation de la peine infligée, le défendeur peut alléguer avoir commis le crime alors qu'il était dans un état de grave agitation. D'autres dispositions, visant à renforcer les droits des victimes de crimes d'honneur, sont rarement utilisées, notamment celles qui permettent aux membres de la famille de la victime de déposer des éléments de preuve ou d'intervenir à l'instance. Mme Arin propose qu'on accorde aux organisations non gouvernementales (ONG) le droit d'intervenir à l'instance dans certaines affaires. Les ONG pourraient ainsi demander à la Cour de tenir compte des obligations qui lui incombent en vertu de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, en vue de lutter contre les circonstances atténuantes qui peuvent autrement être invoquées en vertu de la loi.
BARON, Beth, « Women, Honour and the State: Evidence from Egypt », Middle Eastern Studies, vol. 42, no 1 , 2006, p. 1-20.
Les positions des gouvernements ont des incidences sur les cultures de l'honneur. En partie afin de « reformer des communautés fondées sur l'honneur et d'inciter les citoyens à se montrer loyaux envers l'État et les nationalistes », les nationalistes égyptiens se sont appropriés le concept d'honneur familial et l'ont élevé au rang national dans le but de créer un sentiment d'« honneur national ». L'auteure compare sur le plan historique le droit coutumier arabe, la loi islamique et celle de l'empire Ottoman en ce qui a trait à la violence liée à l'honneur. Les lois de l'État, moins efficaces que les lois familiales, n'ont pas permis d'éradiquer la violence familiale liée à l'honneur. En ayant recours au concept de l'honneur, l'intention des nationalistes n'était pas d'éliminer cette forme de violence, mais d'obtenir le soutien des éléments conservateurs de la société égyptienne. Par conséquent, l'idée que l'honneur est lié à une conduite appropriée des femmes demeure un concept social important en Égypte.
BOON, Rebecca. « They Killed her for Going out with Boys: Honour Killings in Turkey in Light of Turkey's Accession to the European Union and Lessons for Iraq », Hofstra Law Review, no 35, 2006-2007, p. 815-856.
Afin d'accéder à l'Union européenne, la Turquie doit éliminer les crimes d'honneur pour satisfaire aux critères de Copenhague. Il est dans l'intérêt des États-Unis que la Turquie réussisse, puisque ce pays pourrait ainsi servir de modèle à l'Irak, où les crimes d'honneur demeurent un problème social extrêmement répandu. La Turquie a procédé à certaines modifications législatives, mais n'a pas encore réussi à éliminer les crimes d'honneur. Pour soutenir la Turquie, les États-Unis et l'Union européenne devraient financer des organismes de défense des droits de la femme qui visent à lutter contre les crimes d'honneur, à mettre en œuvre des programmes d'éducation et de sensibilisation, à créer des lieux sécuritaires et des refuges destinés aux femmes qui tentent de fuir des situations dangereuses, ainsi qu'à élaborer et à mettre en œuvre des programmes socio-économiques de base.
BRANDON, James et Salam HAFEZ. Crimes of the Community: Honour-Based Violence in the UK, Londres, Centre for Social Cohesion, 2008.
Le crime d'honneur, la violence conjugale, le mariage forcé et la mutilation génitale féminine (MGF) sont des phénomènes liés à la culture de l'honneur. Cette culture n'est pas simplement « importée » au Royaume-Uni par les immigrants; elle est aussi reproduite par les immigrants de troisième et de quatrième générations, nés et élevés dans ce pays. Cette étude comprend sept chapitres dans lesquels les auteurs examinent de manière séparée les concepts d'honneur, de mariage forcé, de violence conjugale liée à l'honneur, de crime d'honneur et de la MGF. On y examine les obstacles au changement qui existent dans les communautés formées d'immigrants et on y formule des propositions destinées au gouvernement du R. U. pour l'établissement de politiques.
CASIMIR, Michael et Susanne JUNG. « Honor and Dishonor: Connotations of a Socio-Symbolic Category in Cross-Cultural Perspective », Emotions as Bio-Cultural Processes, Hans J. Markowitsch et Birgitt Röttger-Rössler (éd.), New York, Springer, 2009, p. 229-280
La perception de ce que sont l'honneur, la honte, et le déshonneur, entre autres, varie selon le lieu et l'époque, selon qu'on se trouve en milieu urbain ou rural, et selon qu'on est un homme ou une femme. Malgré ces nuances, ces perceptions présentent de nombreux éléments communs. Dans la plupart des sociétés, « l'honneur » et le « déshonneur » sont liés au contrôle de la sexualité de la femme par l'homme (même si l'homme et la femme définissent également « l'honneur » à partir d'autres caractéristiques). Dans ce chapitre, les auteurs expliquent les perceptions de ce que sont « l'honneur » et le « déshonneur » existant dans diverses parties du monde.
CAULFIELD, Sueanne. In Defence of Honor: Sexual Morality, Modernity and Nation in Early Twentieth-Century Brazil, Durham, Duke University Press, 2000.
Même s'il ne s'agit pas là du thème central du livre, Mme Caulfield fait état du droit traditionnel des hommes brésiliens d'assassiner leur femme adultère et explique le concept « d'honneur » ainsi que la manière dont il peut être invoqué comme moyen de défense.
CHEEMA, Moeen H. « Judicial Patronage of 'Honour Killings' in Pakistan: the Supreme Court's Persistent Adherence to the Doctrine of Grave and Sudden Provocation », Buffalo Human Rights Law Review, vol. 14, 2008, p. 51- 70.
Par l'exercice de son pouvoir discrétionnaire à l'égard des accusés déclarés coupables de crimes d'honneur, la magistrature pakistanaise contribue à la perpétuation de la violence liée à l'honneur. Les juges se fondent souvent sur l'article 302 du code criminel pakistanais qui, avant 1990, permettait d'alléguer le moyen de défense fondé sur la provocation grave et soudaine, et qui accordait au juge une latitude considérable en matière de détermination de la peine. On s'attendait à ce que la Qisas and Diyat Ordinance de 1990 rende plus difficile l'utilisation de cette défense dans les crimes d'honneur, mais les décisions rendues sur la question ont limité la portée de la loi de telle sorte que cette défense est encore invoquée. Selon les prévisions de l'auteur, les modifications apportées à la loi sur le droit criminel (Modification) en 2004, qui devaient renforcer les dispositions législatives visant à prévenir les crimes d'honneur, ne permettront pas de remédier à la situation, en raison des pénalités qui y sont prévues, de la définition étroite attribuée au terme « crime d'honneur » et de la manière dont les tribunaux ont récemment interprété ce moyen de défense fondé sur la provocation grave et soudaine.
CHESLER, Phyllis. « Are Honor Killings Simply Domestic Violence? », Middle East, vol. XVI, no 2, printemps 2009, p. 61-69.
Les crimes d'honneur sont différents de la violence conjugale. Selon l'auteure, les crimes d'honneur sont perpétrés par des membres de communautés immigrantes qui vivent en Occident, plus particulièrement par des musulmans et, dans une proportion moindre, par des Sikhs et des Hindous. Elle estime également que les crimes d'honneur révèlent un « conflit de valeurs morales culturelles » entre l'Occident et les immigrants musulmans qui y vivent, et qu'ils pourraient être contrés par des programmes d'éducation destinés à la population musulmane. Cet article comprend des tableaux qui donnent des détails sur les crimes d'honneur commis en Amérique du Nord et en Europe.
CINTHIO, Hanna et Marcus ERICSSON. « Beneath the Surface of Honour », 2006.
Le tribalisme patriarcal et une interprétation de l'Islam liés aux concepts d'honneur et de honte, plutôt qu'à ceux de bien ou de mal, renforcent les attitudes de tolérance en ce qui a trait aux crimes d'honneur commis en Jordanie.
COSS, Graeme. « The Defence of Provocation: An Acrimonious Divorce from Reality », Current Issues Criminal Justice, vol. 18, no 1, 2006-2007, p. 51-78.
Il y aurait lieu d'abolir le moyen de défense fondé sur la provocation qui existe en Australie. L'utilisation de cette défense reflète la perception que c'est à bon droit que les hommes adoptent envers les femmes des attitudes de propriétaires. L'homme qui use de violence contre une femme à titre de représailles n'est pas motivé par la perte de sa maîtrise de lui même, mais plutôt par la perte de contrôle de « sa » femme. Des études ont démontré que c'est en partie à cause de ces attitudes que la défense de provocation continue d'être utilisée pour réduire la peine infligée. Selon des sondages menés auprès des Australiens, un nombre relativement élevé de ceux ci sont disposés à reprocher à la femme victime de violence conjugale de provoquer son partenaire.
DOUKI, S., et coll. « Violence against Women in Arab and Islamic Countries », Archives of Women's Mental Health, no 6, 2003, p. 165-171.
Les prémisses sociales qui contribuent à la violence faite aux femmes comprennent l'inconduite de l'épouse, les conditions de vie quotidienne du mari et les commandements religieux. L'Islam n'approuve pas la violence liée à l'honneur; il s'agit d'une pratique culturelle, non d'une pratique religieuse. Les chercheurs devraient étudier davantage les conditions culturelles et psychologiques qui donnent naissance et nourrissent ce type de violence. L'article présente les taux de violence liée à l'honneur en Tunisie, en Palestine, en Israël et en Égypte.
DUSTIN, Moira et Anne PHILLIPS. « Whose agenda is it? », Ethnicities, vol. 8, no 3, 2008, p. 405-424.
Au Royaume-Uni, les débats entourant les crimes d'honneur, l'excision, le mariage forcé et le code vestimentaire des femmes musulmanes qualifient ces problèmes comme un problème de maltraitance envers des femmes appartenant à des groupes minoritaires. Le fait d'appeler ces crimes des « pratiques culturelles » mène à une vision stéréotypée de la communauté musulmane et en donne une image qui véhicule la perception que cette pratique anormale est largement acceptée à l'intérieur de cette communauté. Face à ces types de crime, les mesures de redressement judiciaire et les peines infligées sont moins efficaces que le soutien et la prévention. En vue de concevoir des politiques efficaces permettant de lutter contre ces crimes, le gouvernement devrait consulter les groupes minoritaires en question et les organisations de défense des droits de la femme.
EPSTEIN, Cynthia. « Death by Gender », Dissent, vol. 57, no 2, 2010, p. 54-57.
La perception que la violence contre les femmes qui compromettent l'honneur familiale est acceptable et, dans les pays dont l'organisation politique repose sur les liens familiaux, que le mariage est une façon de créer des alliances tribales et de réglementer les relations entre les clans du pays, sont certains des facteurs qui expliquent l'existence de la violence liée à l'honneur. Alors que des ONG se consacrent de manière active à la défense des droits de la personne, de nombreux obstacles se dressent dans la lutte contre la violence faite aux femmes. Par exemple, des organisations de défense des droits de la personne se sont opposées à la Résolution du Comité des droits de l'homme de l'ONU de 2009, dans laquelle il était affirmé que le principe des « valeurs traditionnelles » s'inscrivait dans la promotion des droits de la personne et des libertés fondamentales, car, à leur avis, il s'agit d'un précédent dangereux. La CEDAW affirme la valeur des femmes, mais certains des pays où les crimes liés à l'honneur sont le plus fréquent sont déjà signataires de la Convention. Les leaders mondiaux doivent exiger des changements politiques, peut-être en insistant sur des réformes en matière de droits de la personne comme condition préalable à des relations commerciales et diplomatiques complètes.
FAQIR, Fadia. « Intrafamily Femicide in Defence of Honour: The Case of Jordan », Third World Quarterly, vol. 22, no 1, 2001, p. 65-82.
Le taux de fémicide interfamilial de la Jordanie est l'un des plus élevés du monde. Le concept « d'honneur » existe dans plusieurs sociétés islamiques, arabes, de même que dans des sociétés méditerranéennes. Plusieurs pays ont abrogé les lois qui toléraient la violence liée à l'honneur, mais certains pays arabes et musulmans ne l'ont pas encore fait. L'auteur examine les articles 340 et 98 du code pénal de la Jordanie, lesquels permettent d'atténuer le degré de culpabilité ou de réduire la peine imposée aux hommes qui commettent des crimes d'honneur. Il existe des dispositions semblables dans d'autres pays arabes. Il ne s'agit pas d'un problème « islamique ». Les crimes d'honneur et des conceptions de ce qu'est l'honneur sont des phénomènes issus de pratiques culturelles préislamiques, qui deviennent d'autant plus dignes d'intérêt que les rôles de l'homme et de la femme changent, ce qui menace la stabilité de la société et entraîne la redéfinition de l'espace public et privé.
FERNANDEZ, Sonya. « The Crusade Over the Bodies of Women », Patterns of Prejudice, vol. 43, no 3, 2009, p. 269-286.
Les discours qui étudient le traitement réservé aux musulmanes dans le cadre des débats sur les crimes d'honneur, le port du voile et le mariage forcé perpétuent la qualification des musulmans comme fondamentalement « Autre » par rapport aux « Occidentaux » civilisés. L'Islam y est dépeint comme une religion monolithique, oppressive et barbare. Ces discours ont eu comme effet de présenter de l'Islam l'image d'une religion où il est jugé normal d'opprimer les femmes, en la juxtaposant aux rôles de l'homme et de la femme en « Occident ». Ces discours entraînent deux conséquences. Premièrement c'est l'Islam même plutôt que les individus qui adoptent ces pratiques, qui est qualifié d'oppressive. Deuxièmement, ils réduisent les musulmanes au silence tout en proclamant du même souffle le désir de les libérer.
GADIT, Amin A. Muhammad. « Karo-Kari: disturbed psyche or wild ego? », vol. 57, no 3, 2007, p. 112-113.
Les crimes d'honneur devraient également être examinés sous l'angle de la psychiatrie. Des facteurs tels la dynamique psychologique, la génétique, le fonctionnement du cerveau, les traits de personnalité et la maladie mentale pourraient expliquer le comportement violent de certains hommes qui perpétuent les crimes d'honneur.
GILL, A. « Patriarchal Violence in the Name of Honour », International Journal of Criminal Justice Sciences, 2006.
Il n'existe pas une définition unique de la violence liée à l'honneur, une définition qui soit appropriée et pertinente à l'ensemble des cultures. Au Royaume-Uni, la manière dont les médias ont décrit ce type de violence a véhiculé un stéréotype préjudiciable à la femme « ethnique ». Sur le plan théorique, il existe des problèmes inhérents au fait d'accoler, à l'échelle internationale, un concept universel des droits de la personne à des pratiques culturelles particulières. L'État qui évalue quelle serait la politique appropriée en cette matière devrait consulter les membres des communautés culturelles touchées par ce problème. On devrait accorder une place plus grande au point de vue des membres des communautés culturelles qui sont les plus opprimés (c.-à-d. les femmes). L'État peut mettre en œuvre des accommodements aux pratiques culturelles qui respectent les droits de ses citoyens vulnérables.
GOLDSTEIN, Matthew, A. « The Biological Root of Heat-of-Passion Crimes and Honor Killings », Politics and the Life Sciences, vol. 21, no 2, 2002, p. 28-37.
On retrouve dans toutes les cultures le moyen de défense fondé sur le fait qu'un crime a été commis sous le coup de la colère ainsi que la défense de crime d'honneur; le droit accordé aux hommes de tuer leur femme et des membres féminins de leur famille biologique a pu être observé à travers l'histoire. Ces moyens de défense s'appuient sur la reconnaissance d'une pathologie comportementale qui a évolué sur le plan biologique et qui s'exprime à des degrés divers dans les cultures. [TRADUCTION] « Les crimes d'honneur et les crimes commis sous le coup de la colère sont une conséquence accessoire d'une agression sexuelle commise par le mâle évolué, laquelle est intensifiée par une menace externe à la certitude de son rôle de géniteur. Cette perspective biologique peut expliquer pourquoi les femmes sont tuées et pourquoi leurs tueurs sont fréquemment excusés. »
HADIDI, Mu'men, Anahid KULWICKI et Hani JAHSHAN. « A review of 16 cases of Honour Killings in Jordan in 1995 », International Journal of Legal Medicine, no 114, 2001, p. 357 359.
Les auteurs ont mené un examen en profondeur de 16 crimes d'honneur perpétrés en Jordanie afin de déterminer la cause de la mort, la sévérité des blessures, l'arme du crime, l'identité du meurtrier, l'interprétation apportée au code pénal et la détermination de la peine. Les blessures multiples par balle étaient la cause la plus fréquente du décès. Le degré de culpabilité et la peine infligée avaient souvent été réduits lorsque la victime était enceinte. Le plus souvent, les victimes avaient été assassinées par leur frère. Les individus qui avaient assassiné une femme qui s'était mariée sans la permission de sa famille avaient reçu les peines les plus lourdes.
HENRY, P.J. « Low-Status Compensation: A Theory for Understanding the Role of Status in Cultures of Honour », Journal of Personality and Social Psychology, vol. 97, no 3, 2009, p. 451-466.
L'importance des concepts d'honneur (en tant que statut) peut être liée à des cultures qui vivent de l'élevage de troupeaux, à partir de la théorie de la compensation pour statut inférieur. Une théorie de la privation relative peut expliquer l'importance que certaines cultures accordent à la question de l'honneur. L'agression en réponse à des insultes proférées permet au défendeur d'alléguer un moyen de défense fondé sur l'atteinte au « moi psychologique ».
HUSSAIN, Manza. « 'Take My Riches, Give Me Justice': A Contextual Analysis of Pakistan's Honor Crimes Legislation », Harvard Journal of Law & Gender vol. 29, no1, 2006, p. 223 - 246.
L'auteure étudie les facteurs qui mènent à la violence liée à l'honneur au Pakistan et demande pourquoi le gouvernement résiste à une réforme législative. Elle examine également les codes législatifs des pays musulmans de manière plus générale et signale que la plupart de crimes d'honneur se produisent dans des pays islamiques. L'adoption de lois sur les crimes d'honneur représente un avancement important, mais afin d'en assurer l'efficacité, il faut aussi lutter contre la vaste discrimination contre les femmes.
INCE, Hilal Onur, et coll. « Customary Killings in Turkey and Turkish Modernization », Middle 'East'ern Studies, vol. 45, no 4, 2009, p. 537-551.
En Turquie, les crimes d'honneur sont liés à la modernisation du pays. Le processus de modernisation a contribué à réduire les femmes à l'état d'objet parce qu'il ne s'est pas étendu jusqu'aux zones rurales et qu'il a mis l'accent sur des éléments superficiels comme les vêtements, sans cibler la structure sociale fondamentalement patriarcale du pays.
KAKAKHEL, Niaz A. « Honour Killings: Islamic and Human Rights Perspectives », Northern Ireland Legal Quarterly, vol. 55, no 1, 2004, p. 78-89.
Dans cet article, l'auteur examine l'origine des crimes d'honneur au Pakistan. Les crimes d'honneur prennent racine dans la culture musulmane, et non dans la loi islamique. L'auteur examine de quelle manière les lois internationales, religieuses, coloniales et les lois actuelles du Pakistan sont appliquées aux affaires de crimes d'honneur.
KHAN, Roxanne. « Honour-Related Violence (HRV) in Scotland: A Cross- and Multi-Agency Intervention Involvement Survey », Internet Journal of Criminology, 2007.
L'article présente les résultats d'un questionnaire envoyé à des organisations de défense des droits de la femme en Écosse, afin de déterminer la nature et l'étendue de la réponse de ces organismes face à la violence liée à l'honneur. On y demandait quels moyens utilisaient les organismes pour recueillir des renseignements sur ce type de violence, quelle était la nature et l'étendue de la collaboration entre les organismes, s'ils disposaient de lignes directrices relatives aux affaires de violence liée à l'honneur et s'ils étaient favorables à l'établissement de renseignements normalisés. Un grand nombre de ces organismes ont eu à s'occuper de violence liée à l'honneur, et la question devrait être approfondie. Plus de la moitié des organismes répondants ont signalé qu'ils consultaient d'autres organismes relativement à des affaires, et la plupart d'entre eux ne disposaient pas de lignes directrices particulières à ce sujet. Enfin, à l'unanimité, les organismes accueilleraient favorablement des directives en matière de violence liée à l'honneur.
KING, Diane E. « The Personal is Patrilineal: Namus as Sovereignty », Identities, vol. 15, no 3, 2008, p. 317-342.
La violence liée à l'honneur devrait être comprise comme une réaction d'un système patriarcal ou d'un État dans le but d'en déterminer l'appartenance. La violence liée à l'honneur n'existe que dans les cultures où l'appartenance se définit par agnation (hommes qui descendent de la lignée patrilinéaire), et où l'hymen joue le rôle de frontière symbolique et réelle en ce qui a trait l'appartenance. Les frères ou le père (tout homme qui a la responsabilité de la femme) revendique la souveraineté sur la lignée. Par conséquent, le crime d'honneur peut être perçu comme « une démonstration de la souveraineté sur la perpétuation de la lignée ».
KNUDSEN, Are. « License to Kill: Honour Killings in Pakistan », Chr. Michelsen Institute: Development Studies and Human Rights, WP 2004, p.1.
Les lois sur l'homicide du Pakistan peuvent perpétuer les crimes d'honneur. Les mesures de réparation prévues au code pénal du Pakistan sont souvent perçues comme insuffisantes pour restaurer complètement l'honneur familial et, par conséquent, le droit coutumier l'emporte. Une application plus stricte des lois et l'augmentation du nombre de poursuites pourraient réduire la fréquence des crimes d'honneur. Le Pakistan devrait abroger les Hudoo Laws et la Qisas and Diyat Act; une base de données nationale devrait être établie afin de déceler de façon plus précise les cas de crimes d'honneur. De plus, les analyses devraient aussi porter sur les hommes. Tant les hommes que les femmes qui ont eu des aventures préconjugales ou extraconjugales risquent d'être victimes de violence liée à l'honneur, et cette violence peut donner lieu à la perpétration de meurtres par vengeance, qui cible principalement des hommes. Pour comprendre les crimes d'honneur, il faut comprendre le contexte culturel, politique et social complexe de l'endroit où ils se produisent.
KOGACIOGLU, Dicle. « The Tradition Effect: Framing Honour Crimes in Turkey », Differences: A Journal of Feminist Cultural Studies, vol. 15, no 2, 2004, p. 119 151.
Il faut analyser les mesures prises par des institutions dans la lutte contre les crimes d'honneur à l'échelle locale, nationale et internationale pour éradiquer les crimes d'honneur. Lorsque les institutions sont inefficaces ou sous-financées ou qu'elles utilisent des méthodes illégales, elles risquent de perpétuer les crimes d'honneur. Si l'on ne tient pas compte des effets institutionnels, on risque de faire abstraction du contexte politique et d'empêcher ainsi l'examen critique des politiques et des actions d'une institution qui contribuent à la perpétuation de la violence. Les analyses qui portent sur la défense des droits de la femme devraient être à la fois déconstructives et constructives.
KORTEWEG, Anna, et Gökçe YURDAKUL. « Islam, gender, and immigrant integration: boundary drawing in discourses on honour killing in the Netherlands and Germany », Ethnic and Racial Studies, vol. 32, no 2, 2009, p. 218-238.
En Allemagne et aux Pays-Bas, la comparaison de descriptions médiatiques de crimes d'honneur, démontre que dans les discours sur l'appartenance à une communauté, les auteurs font des recoupements entre le sexe, la race et la religion et la nationalité. Ces discours ont comme effet de tracer des « limites extrêmement nettes », entre la communauté immigrante et la communauté majoritaire. Le sexe, la nationalité et la religion sont des éléments interprétés sous l'angle d'identités monolithiques, et on présente le crime d'honneur comme prenant racine dans l'Islam.
LASSON, Kenneth. « Bloodstains on a Code of Honour: the Murderous Marginalization of Women in the Islamic World », Women's Rights Law Reporter, vol. 30, no 3/4, 2008-2009, p. 407 - 441.
Les pays occidentaux pourraient intervenir dans la prévention de crimes d'honneur dans d'autres pays s'ils misaient sur les forces politiques et économiques dont ils disposent (par exemple, l'Union européenne insiste pour que la Turquie procède à des changements législatifs en matière de droits de la personne avant de pouvoir devenir membre de l'Union). Selon l'auteur, les crimes d'honneur sont liés directement à l'Islam. Il critique « la gauche » qui, à son avis, « s'excuse de l'extrémisme islamique ».
MADEK, Christina A. « Killing Dishonor: Effective Eradication of Honor Killing », Suffolk Transnational Law Review, vol. 29, 2005-2006, p. 53-77.
Les lois de la Jordanie et du Pakistan relatives aux crimes d'honneur sont incompatibles avec la CEDAW. La façon la plus efficace de traiter la question des crimes d'honneur dans ces pays est d'exiger des changements législatifs aux lois nationales, et non de renforcer les dispositions de la Convention ou leur application.
MARIS, Cees, et Sawitri SAHARSO. « Honour Killing: A Reflection on Gender, Culture and Violence », The Netherlands Journal of Social Science, vol. 37, no 1, 2001, p. 52-73.
Les crimes d'honneur sont une forme hautement ritualisée de violence. Ils ne peuvent s'expliquer seulement en termes culturels. Aux Pays-Bas, les modèles d'immigration révèlent que la structure sociale préexistante des familles turques est restée la même. Souvent, les hommes qui commettent des crimes d'honneur sont chômeurs. Par conséquent, ils accordent une très grande valeur à l'honneur, qui découle de leur dignité. Il existe aussi dans la communauté un point de vue culturel selon lequel les femmes sont la propriété des hommes, dont elles sont les subordonnées. On s'aperçoit donc que le moyen de défense de la culture pour justifier les crimes d'honneur n'est pas fondé. Le droit d'une femme à la vie l'emporte sur la défense liée à la préservation de l'identité culturelle.
MEETOO, Veena, et Heidi Safia MIRZA. « Lives at risk: multiculturalism, young women and 'honour killings », dans Growing up with Risk, Betsy THOM, Rosemary SALES et Jenny J. PEARCE (éd.), Bristol, The Policy Press, 2007, p. 149-164.
Les femmes ethnicisées qui sont victimes de violence conjugale sont prises en étau entre le relativisme culturel du discours multiculturel de la Grande-Bretagne d'un côté, et la crainte sociale de l'Islam qui a pris naissance au lendemain du 11 septembre de l'autre côté. La crainte que la question des crimes d'honneur ne puisse être réglée que par ceux qui détiennent certaines compétences culturelles particulières met ces femmes en danger lorsque d'autres femmes, appartenant à la communauté la plus vaste, se mettent à percevoir la violence liée à l'honneur comme un exemple de « différence culturelle ». Une approche efficace des crimes d'honneur devrait se distancer des discours fondés sur la culture et s'inspirer de ceux qui sont fondés sur les droits de la personne. Le contexte culturel est important, mais les politiques sur la violence liée à l'honneur devraient situer celle ci dans le cadre plus large de la violence conjugale.
MEETOO, Veena, et Heidi Safia MIRZA. « 'There is nothing 'honourable' about honour killings': Gender, violence and the limits of multiculturalism », Women's Studies International Forum, no 30, 2007, p. 187-200.
En Grande-Bretagne, des crimes d'honneur ont été commis par des Musulmans, des Sikhs et des Chrétiens. Bien que de nombreux crimes d'honneur aient été perpétrés dans des familles en Asie du Sud et du Moyen-Orient, des Africaines et des Caribéennes ont aussi été victimes de violence liée à l'honneur. Pourtant, au Royaume-Uni, les discours présentent le crime d'honneur comme un phénomène qui n'affecte que les communautés musulmanes de l'Asie du Sud et du Moyen-Orient. Ces discours, liés à une approche du multiculturalisme qui maintient « le respect de la diversité et la valorisation de la différence culturelle », signifient que les femmes ethnicisées ne peuvent obtenir l'aide dont elles ont besoin. L'assassinat de femmes ne devrait jamais être vu comme une question de nature culturelle.
MENON, Ritu. « Dishonourable Killings », Index on Censorship, vol 35, no 4, 2006, p. 123-127.
En Inde, des crimes d'honneur sont commis dans toutes les religions et dans toutes les castes. Il y a perpétration d'un crime d'honneur lorsqu'une femme est assassinée afin de venger l'honneur d'un homme. La violence liée à l'honneur illustre le contrôle patriarcal sur la sexualité féminine. Les féministes et les militantes indiennes remettent en question l'utilisation de l'expression « crime d'honneur », et préféreraient plutôt que celle ci soit définie comme un « acte violent de contrôle sexuel et d'asservissement d'une femme en vue de maintenir la disparité sociale et économique ou la communauté légitime (la caste, la religion ou l'ethnie). L'auteure examine la relation entre les panchayats d'une caste (les conseils de village), qui ont ordonné des crimes d'honneur, et les fonctionnaires de l'État qui, dans certains cas, ont évité de participer à l'exécution de crimes d'honneur ordonnés par les panchayats.
MOJAB, Shahrzad. « No 'Safe Haven': Violence Against Women in Iraqi Kuridstan », dans Sites of Violence: Gender and Conflict Zone, Wenona GILES et Jennifer HYNDMAN (éd.), Berkeley, University of California Press, 2004, p. 108-133.
L'auteure examine la question des crimes d'honneur kurdes commis dans le « refuge » que les États Unis et ses alliés ont fourni aux Kurdes pendant la guerre du Golfe persique en 1991. Des crimes d'honneur sont commis tant en temps de guerre qu'en temps de paix, mais leur fréquence augmente en temps de guerre (tout comme la violence conjugale). Le projet des indépendantistes du Kurdistan a également contribué à la violence faite aux femmes. Les nationalistes conservateurs ont reconnu certains des aspects patriarcaux de la « véritable » culture kurde et en ont rejeté certaines des traditions plus libérales (par exemple, l'absence du port du voile et la socialisation des hommes et des femmes en milieu rural).
MOJAB, Shahrzad.Violence in the Name of Honour: Theoretical and Political Challenges, Istanbul, Bilgi University Press, 2004.
Les crimes d'honneur sont liés à l'agitation sociale. Par exemple, le taux de crimes d'honneur chez les Kurdes d'Iraq et de la Turquie, qui ont vécu les conséquences les plus dévastatrices de la guerre, est plus élevé que chez les Kurdes de l'Iran, qui n'ont pas vécu ces conséquences. Les universitaires devraient laisser de côté le relativisme et prendre l'universalité de l'oppression patriarcale au sérieux, tout en continuant d'examiner les aspects particuliers de chacun de ces régimes patriarcaux.
NASRULLAH, Muazzam. « The Epidemiological patterns of Honour Killing of Women in Pakistan », European Journal of Public Health, vol. 19, no 2, 2009, p. 193-197.
Une compréhension accrue du profil des victimes de crimes d'honneur favoriserait la mise en œuvre de mesures préventives plus efficaces. L'auteure a analysé les articles publiés dans les journaux au sujet de crimes d'honneur commis au Pakistan, entre 2004 et 2007, en vue de cerner les caractéristiques communes de ces crimes. L'article fournit les taux de crimes d'honneur, l'âge moyen des victimes, les raisons communes de tels crimes, les armes les plus souvent utilisées et la relation entre la victime et le meurtrier.
NIAZ, U. « Violence Against Women in South Asian Countries », Archives of Women's Mental Health, vol. 6, no 3, 2003, p. 173-184.
L'article étudie le rôle de la religion dans la création des normes sexospécifiques en Asie du Sud. Une culture fondée sur le machisme, la phallocratie, une tentative d'empêcher les femmes de devenir plus fortes ainsi que l'agitation sociale entraînée par la guerre comptent parmi les théories qui seraient à l'origine de la violence des hommes. En définitive, c'est la structure familiale qui permet la perpétration de la violence.
OLDENBURG, Veena Talwar. Dowry Murder: The Imperial Origins of a Cultural Crime, Oxford, Oxford University Press, 2002.
Le « meurtre pour la dot » est celui où un mari ou une belle-mère immole une nouvelle épouse par le feu. Ces meurtres sont souvent signalés à la police comme des accidents de cuisine. Dans certains articles, cette pratique est classifiée parmi les crimes d'honneur, mais il s'agit plutôt d'un crime motivé par la perspective du gain financier, puisque le mari peut alors garder la dot de la victime et se remarier. La pratique « culturelle » de la dot remonte à l'époque où ont été instaurées les politiques britanniques colonialistes.
ONAL, Ayse, et Joan SMITH. Honour Killing: Stories of Men Who Killed, Londres, Saqi Books, 2008.
La journaliste Ayse Onal relate les récits d'hommes turcs emprisonnés pour avoir tué des femmes de leur famille. Elle y décrit les circonstances du meurtre, y compris la motivation de ces hommes, leur perception de l'honneur, ainsi que leur relation avec la victime.
OUIS, Pernilla. « Honourable Traditions? Honour Violence, Early Marriage and Sexual Abuse of Teenage Girls in Lebanon, the Occupied Palestinian Territories and Yemen », International Journal of Children's Rights, vol. 17, no 3, 2009, p. 445–474.
La violence liée au sexe, y compris le crime d'honneur, porte atteinte aux droits des enfants qui ont été établis dans la Convention de l'ONU relative aux droits de l'enfant (CDE). La violence liée à l'honneur devrait être perçue différemment de la violence liée au sexe parce qu'elle est de nature collective. La violence liée à l'honneur reflète plus fréquemment une idéologie de l'honneur qui existe dans les sociétés fondées sur la collectivité et les liens familiaux. Elle est liée à plusieurs formes de mauvais traitements infligés aux enfants, notamment le mariage précoce et les agressions sexuelles. Selon les résultats des groupes de discussion tenus auprès de fillettes du Liban, du Yémen et des territoires palestiniens occupés, les jeunes filles des sociétés fondées sur l'honneur tendent à internaliser cette idéologie et acceptent que les femmes portent la responsabilité de situations comme le harcèlement sexuel. Une perception négative de l'éducation et de l'urbanisation était liée à l'acceptation de l'idéologie de l'honneur.
PATEL, Sujay et Amin Muhammad GADIT. « Karo-Kari: A Form of Honour Killing in Pakistan », Transcultural Psychiatry, vol. 45, no 4, 2008, p. 683-694.
Cet article analyse ce qu'ont rapporté les médias et les ONG sur le karo kari au Pakistan et examine l'incidence psychologique de ce crime sur les femmes de même que les caractéristiques psychologiques des hommes qui les tuent. Les normes socioculturelles et les attentes qui existent relativement aux rôles de l'homme et de la femme ont contribué à légitimer le karo-kari dans certaines communautés. Les crimes d'honneur étaient légalement et culturellement approuvés dans les sociétés antiques romaine, aztèque, inca et babylonienne, et ils continuent d'être commis dans le monde, qu'il soit possible d'alléguer une défense acceptée sur le plan juridique ou qu'ils soient déclarés illégaux. Les auteurs décrivent les types de crimes d'honneur, les taux de ces crimes, les traits communs aux victimes et à ceux qui ont commis le crime ainsi que les caractéristiques psychologiques des meurtriers.
PERVIZAT, Leyla. « An Interdisciplinary and Holistic Approach to Understand the Honor Killings in Turkey », dans Family Life: a Comparative Perspective on 'Crimes of Honour', Maria CORRÊA et Érica Renata DE SOUZA (éd.), UNICAMP, Centre for Gender Studies, 2006.
L'auteure analyse les changements survenus dans la manière dont le code pénal de la Turquie traite la question des crimes d'honneur. Même s'il a été modifié radicalement, ce code continue de refléter l'importance encore accordée au concept « d'honneur » dans ce pays. La Turquie a démontré qu'elle était disposée à jouer un rôle accru dans la lutte contre les crimes d'honneur. Selon Mme Pervizat, une étude holistique en profondeur de la violence liée à l'honneur devrait précéder la mise en œuvre de mesures. La religion pourrait jouer un rôle important dans la lutte contre les crimes d'honneur. Les imams conscients des différences entre les sexes devraient participer à l'établissement de stratégies visant à éveiller les familles au fait que l'Islam ne commande pas la violence liée à l'honneur.
REDDY, Rupa. « Gender, Culture and the Law: Approaches to 'Honour Crimes' in the UK », Feminist Legal Studies, vol. 16, no 3, 2008, p. 305-321.
Analyser la violence liée à « l'honneur » comme un phénomène principalement culturel peut marginaliser la communauté dans laquelle il se produit, ce qui peut faire en sorte que les femmes de cette communauté sont moins protégées. Toutefois, le fait de ne pas tenir compte du tout de la culture représente aussi un problème. L'approche adoptée doit tenir compte du contexte de chaque affaire. La violence liée à l'honneur devrait absolument être comprise comme une forme de violence liée au sexe.
RUANE, Rachel A. « Murder in the Name of Honour: Violence Against Women in Jordan and Pakistan », Emory International Law Review, vol. 14, no 3 , 2000, p. 1523-1580.
Les codes juridiques et les systèmes de justice de la Jordanie et du Pakistan ne sont pas des outils adéquats pour lutter contre la violence liée à l'honneur. Le droit international requiert que les États fassent preuve de diligence raisonnable et veillent à ce que leur système juridique permettre d'offrir une protection suffisante contre les violations aux droits de la personne. L'auteure examine pourquoi les conventions et les résolutions internationales en matière de droits de la personne n'ont pas réussi à protéger les femmes contre la violence liée à l'honneur.
SEV'ER, Aysan, et Gökçeçiçek YURDAKUL. « Culture of Honor, Culture of Change: A Feminist Analysis of Honor Killings in Rural Turkey », Violence Against Women, vol. 7, no 9, 2001, p. 964-998.
Les crimes d'honneur peuvent être perçus comme une forme de violence patriarcale qui existe indépendamment de toute croyance religieuse. Cette forme de violence est difficile à contrer dans certaines parties du monde en raison des normes patriarcales enracinées dans les structures sociale, gouvernementale et institutionnelle et de la conception selon laquelle l'honneur des femmes peut apporter des avantages matériels réels à leurs familles.
SEV'ER, Aysan. « In the Name of Fathers: Honour Killings and Some Examples from South-Eastern Turkey », Atlantis: Women's Studies Journal, vol. 30, no 1, 2005, p. 129-145.
Les crimes d'honneur devraient être compris comme faisant partie d'un phénomène global de violence contre les femmes plutôt que comme un problème « culturel » particulier. La violence faite aux femmes prend racine dans le système patriarcal, qui est un système global, même si, tout comme la violence, il peut exister dans le monde sous différentes formes. En Turquie, les crimes d'honneur sont liés à la valeur économique des femmes. Le système de la dot contribue à ce que la valeur des femmes soit mesurée en termes de propriété sexuelle. Pour lutter cette violence, les États doivent modifier des lois qui ne permettent pas de protéger les femmes et les appliquer. Il faudrait également modifier les lois en matière d'héritage et de propriété des terres qui contiennent des dispositions discriminatoires envers les femmes, ce qui contribuerait à alléger le fardeau économique qui pèse sur les familles en raison de la dot et à réduire la dépendance économique des femmes envers les hommes. De tels changements devraient être entrepris par les pays, et non résulter d'interventions du haut vers le bas.
SHAPIRO, Shira T. « She Can Do No Wrong: Recent Failures in America's Immigration Courts to Provide Women Asylum from "Honour Crimes" Abroad », American University Journal of Gender, Social Policy & the Law, vol. 18, no 2, 2009-2010, p. 293-315.
L'auteure examine des affaires où des femmes demandent l'asile aux États-Unis parce qu'elles craignent d'être victimes de crimes d'honneur si elles retournent dans leur pays. Dans Vellani c. U.S. Attorney General et Yaylacicegi c. Gonzalez, les États-Unis ont refusé l'asile à ces femmes. Mme Shapiro conteste le raisonnement qui a mené à ces refus. Les tribunaux devraient se familiariser avec le contexte culturel et social des pays en question, indépendamment des déclarations officielles des gouvernements, et être conscients que les crimes d'honneur sont généralement sous rapportés et que le manque de politiques efficaces ainsi que la corruption financière peuvent empêcher le système de justice de ces pays de protéger efficacement les femmes vulnérables. Finalement, les tribunaux ne devraient pas tirer la conclusion que la femme qui a tardé à signaler une agression sexuelle n'est pas crédible et devraient tenir compte du fait qu'un code culturel du silence peut empêcher une femme de signaler les mauvais traitements dont elle est victime.
SHUKLA, Rakesh. « Honour Killings: A look within the psyche », International Journal of Applied Psychoanalytic Studies, vol. 7, no 1, 2010, p. 85-87.
Dans la région de Uttar Pradesh, en Inde, des crimes d'honneur ont été ordonnés aux motifs qu'un couple marié aurait eu des relations incestueuses parce que les mariés appartiennent à la même gotra (un regroupement de personnes croyant que tous les êtres humains descendent de certains sages). Une approche psychanalytique pourrait expliquer les raisons qui sous-tendent la rage qui justifie l'assassinat dans de telles situations.
SIDDIQUI, Hannana. « 'There is no "honour" in domestic violence, only shame!' Women's struggles against 'honour' crimes in the UK », dans 'Honour': Crimes, Paradigms, and Violence Against Women, Lynn WELCHMAN et Sara HOSSAIN (éd.), New York, Zed Books Limited, 2005, p. 263-281.
Au Royaume-Uni, les « crimes d'honneur » sont perçus et abordés comme des problèmes relatifs aux communautés ethniques et raciales. Cependant, la défense de provocation opposée par des hommes de race blanche peut également être considérée comme un moyen de défense culturel. Le fait d'englober une communauté entière dans un stéréotype risque d'alourdir le fardeau porté par les femmes qui sont victimes de violence liée à l'honneur. L'État doit consacrer des ressources plus importantes à la prévention de la violence liée à l'honneur et à la protection des femmes qui risquent d'en être victimes, et les fournisseurs de services doivent réagir plus adéquatement à ce problème.
SIGAL, Janet et Maureen NALLY. « Cultural Perspectives on Gender », dans Praeger Guide to the Psychology of Gender, M.A. PALUDI (éd.), Westport (Connecticut), Praeger Publishers, 2004, p. 27-40,
Les rôles de l'homme et de la femme découlent « des croyances qu'entretiennent les gens au sujet de ce que sont les rôles et les obligations de l'homme et de la femme », et possèdent un fondement culturel. Définir les rôles de l'homme et de la femme comme « traditionnels » ou « non traditionnels » est trop simple, étant donné que les cultures qui intègrent à différents degrés des conceptions relatives à la culture « traditionnelle » et « non traditionnelle » le font de manière différente. Dans ce chapitre, les auteurs étudient les facteurs qui influencent l'émergence et le maintien de rôles « traditionnels », la façon dont ces rôles sont modifiés par l'immigration et en quoi ils peuvent influer sur l'existence de la violence conjugale. Les rôles « traditionnels » de l'homme et de la femme à l'intérieur d'une « culture de l'honneur », où l'honneur de l'homme dépend de la chasteté des femmes de la famille, peut contribuer à l'acceptation sociale de la violence. Des cultures de l'honneur existent dans certains pays du Moyen-Orient de l'Asie et de l'Amérique latine. Les auteurs examinent également les différences et les ressemblances qui existent entre les cultures en ce qui a trait au concept « d'honneur » ainsi que les répercussions de ces différences et de ces ressemblances sur l'existence de la violence conjugale, tout particulièrement la manière dont ces concepts touchent les communautés d'immigrants.
TRIPATHI, Anushree et Surpiya YADAV. « For the Sake of Honour: But Whose Honour? 'Honour Crimes' against Women », Asia-Pacific Journal on Human Rights and the Law, vol. 5, 2004, p. 63-78.
Les deux principaux facteurs qui contribuent à engendrer la violence contre des femmes sont la réduction de celles ci à l'état d'objet et la perception de ce que constitue l'honneur. Les crimes d'honneur surviennent lorsqu'un homme croit qu'il est le propriétaire d'une femme et qu'il utilise la violence pour affirmer son droit sur elle. Cet article fait un examen des lois relatives aux crimes d'honneur en Jordanie et au Pakistan, et des cas de crimes d'honneur commis en Inde. On y examine ensuite les mesures de prévention mises en œuvre par la communauté internationale à cet égard. L'article se termine par une liste de recommandations pour prévenir efficacement les crimes d'honneur et protéger les femmes.
VAN ECK, Clementine. Purified by Blood: Honour Killings Amongst Turks in the Netherlands, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2003.
À partir de 30 études de cas portant sur des crimes d'honneur commis par des Turcs aux Pays-Bas, Mme Van Eck étudie les facteurs qui mènent aux crimes d'honneur et les solutions de rechange à ces crimes.
VANDELLO, Joseph A., Dov COHEN et Ruth GRANDON. « Stand by your Man », Journal of Cross-Cultural Psychology, vol. 40, no 1, 2009, p. 81-104.
Les cultures fondées sur l'honneur acceptent davantage la violence conjugale envers la femme qui a attiré le déshonneur sur son partenaire par son infidélité que celles qui ne sont pas fondées sur l'honneur. [TRADUCTION] « Les valeurs culturelles qui mettent l'accent sur la loyauté féminine, le sacrifice des femmes et l'honneur de l'homme peuvent indirectement entériner la violence conjugale et récompenser les femmes qui continuent à vivre avec un conjoint violent ».
VANDELLO, Joseph A., et Dov COHEN. « Male Honor and Female Fidelity: Implicit Cultural Scripts That Perpetuate Domestic Violence », Journal of Personality and Social Psychology, vol. 84, no 5, 2003, p. 997-1010.
Les prescriptions culturelles peuvent implicitement favoriser la promotion de la violence conjugale. Dans deux études, des individus appartenant à des cultures liées à l'honneur (des Brésiliens, des hispanophones et des Américains du Sud des États-Unis) étaient généralement plus susceptibles de percevoir la femme qui continue à vivre avec un conjoint violent de manière favorable et de faire valoir que la violence conjugale était tolérable que les individus appartenant à des cultures non fondées sur l'honneur (notamment le Canada et le Nord des États-Unis). En général, les cultures fondées sur l'honneur sont plus susceptibles de considérer que la relation extraconjugale d'une épouse constitue une indication que celle ci ne peut faire confiance à son mari ou que ce dernier manque de virilité. De plus, la perception de ce qu'était l'honneur variait considérablement d'une culture à l'autre.
VANDELLO, Joseph A., Dov COHEN et Sean RANSOM. « U.S. Southern and Northern Differences in Perceptions of Norms About Aggression: Mechanisms for the Perpetuation of a Culture of Honor », Journal of Cross-Cultural Psychology, vol. 39, no 2, 2008, p. 162-177.
Les auteurs comparent les perceptions qui existent entre les États du Nord des États-Unis et ceux du Sud quant aux normes relatives à la violence masculine. Les États du Sud sont perçus comme ayant une « forte » tradition liée à l'honneur, contrairement aux États du Nord. Dans les États du Sud, il est plus acceptable d'utiliser la violence pour se protéger, protéger sa famille et sa réputation. Même s'il existe des différences entre les croyances personnelles des habitants des États du Nord et de ceux du Sud, [TRADUCTION] « les différences entre les normes publiques peuvent être plus marquées que celles entre les croyances personnelles. De plus, une mauvaise compréhension de cette question peut être l'une des raisons pour laquelle ces normes existent toujours ».
VITOSHKA, Diana Y. « The Modern Face of Honor Killing: Factors, Legal Issues and Policy Recommendations », Berkley Undergraduate Journal, vol. 22, no 2, 2010, p. 1-36.
Les crimes d'honneur ne sont pas fondés seulement sur la foi ou dirigés contre un sexe en particulier. Ils peuvent également être motivés par l'appât du gain financier ou le désir de conserver l'identité ethnique. La perpétration de crimes d'honneur remonte aussi loin qu'en 700 avant J. C. Elle précède l'arrivée de la religion et existe dans toutes les confessions religieuses. Les hommes homosexuels, aussi bien que les femmes, sont ciblés par les crimes d'honneur. La pauvreté et l'instabilité politique devraient également être considérées comme des facteurs qui mènent aux crimes d'honneur. Une personne devrait pouvoir être certaine que la loi la protègera si elle risque d'être victime d'un crime d'honneur. De plus, si les individus coupables de crimes d'honneur étaient automatiquement déshérités, il n'existerait alors plus d'incitatif à recourir à la violence.
WELELCHMAN, Lynn et Sara Hossain. 'Honour': Crimes, Paradigms and Violence against Women, New York, Zed Books, 2005.
Dans cet ouvrage collectif, les auteures présentent diverses perspectives sur les interventions actuelles et possibles dans le domaine de la violence liée à l'honneur dans diverses régions, collectivités et cultures. Elles utilisent une approche internationale des droits de la personne pour situer ce type de violence dans les contextes juridique, social et culturel. Les collaborateurs mettent l'accent sur les approches internationales de la violence liée à l'honneur, les préoccupations théoriques, et les cas de violence liée à l'honneur dans différents pays et différentes cultures.
WIKAN, Unni. « Deadly Distrust: Honor Killings and Swedish Multiculturalism », dans Distrust, Russell HARDIN (éd.), Russell Sage Foundation, 2004, p. 192 204.
La politique de la Suède sur le multiculturalisme est examinée sous l'angle du crime d'honneur commis envers Fadime Sahindal, une activiste turque qui avait émigré en Suède. Cette politique accorde aux groupes minoritaires qui vivent en Suède divers droits dont ne bénéficie pas la majorité culturelle. Ce chapitre soulève des questions au sujet de la manière dont les gouvernements libéraux devraient aborder les questions relatives aux immigrants qui vivaient auparavant dans des sociétés traditionnelles.
WILSON, Margot et Martin DALY. « The Man Who Mistook His Wife for a Chattel », dans The Adapted Mind: Evolutionary Psychology and the Generation of Culture, J.H. BARKOW, L. COSMIDES et J. TOOBY (éd.), New York, Oxford University Press, 1992.
En psychologie, l'instinct de propriété chez l'homme reflète l'évolution d'un mécanisme qui, à l'origine, permettait au mâle de remporter la compétition sexuelle pour se reproduire et préserver la pureté du bagage génétique transmis par les ancêtres. Les attitudes, les émotions et les actions des hommes en ce qui a trait à la propriété, ainsi que la réduction de la femme à l'état d'objet, mettent en évidence des mécanismes psychologiques qui ont évolué selon des circonstances historiques et culturelles particulières. Les auteurs examinent la nature biologique de l'instinct de propriété chez l'homme, en mettant l'accent sur les facteurs interculturels et psychologiques.
WYATT-BROWN, Bertram. Southern Honor: Ethics and Behaviour in the Old South, (2e éd.), Oxford, Oxford University Press, 2007.
Dans la vieille partie du Sud des États Unis, la façon la plus acceptable socialement de répondre à l'adultère était qu'un mari prenne « l'affaire en mains ». Les sanctions juridiques étaient réduites dans le cas d'actes violents ou de meurtres commis par un mari qui avait découvert l'adultère de sa femme. Au Texas, il s'agissait là d'un homicide jugé justifiable. Il existe des cas de vengeance qui semblent avoir été dirigés à la fois contre l'épouse et contre son amant.