La violence est inacceptable peu importe la culture : Premières Nations et Métis du Canada
Pourquoi cela m'arrive-t-il à moi?
La maltraitance est inacceptable dans toutes les familles et dans toutes les collectivités, y compris les familles et les collectivités des Premières Nations et Métis. Même si la violence et les mauvais traitements sont une réalité dans bon nombre de sociétés et de cultures, tolérer les mauvais traitements et la violence ne fait pas partie de la culture et des valeurs des Premières Nations et Métis.
Autrefois, les cultures autochtones avaient besoin de la contribution de chaque homme, femme, Aîné et enfant. Chacun avait une place dans le cercle, et cette place était respectée et appréciée. Les femmes occupaient des postes puissants au sein de leur société. Elles étaient respectées parce qu'elles donnaient la vie et prenaient soin des familles et des collectivités entières.
« [Le] processus de colonisation [...] a fait perdre aux collectivités le contrôle de leurs familles et de leur culture. [...] Les conséquences de l'enlèvement forcé des enfants de leurs familles et de leurs collectivités et de la maltraitance dont nombre d'entre eux ont été victimes dans les pensionnats ont été transmises de génération en génération [...] [TRADUCTION] « déclench[ant] le transfert intergénérationnel d'un traumatisme qui continue de causer des dommages en aval aux familles autochtones, à leurs enfants et à leurs petits-enfants ». »
(La victimisation autochtone au Canada : sommaire de la littérature, Ministère de la Justice du Canada, Recueil de recherches sur les victimes d'actes criminels, no 3, avril 2010.).
- Le racisme et l'héritage des pensionnats contribuent aux modèles de violence, qui — nous le constatons — se répètent dans les familles et les collectivités des Premières Nations et Métis aujourd'hui.
- Des études ont fait état des changements externes qui ont eu une incidence sur les sociétés autochtones très anciennes. En faisant disparaître les enseignements, la culture et la langue traditionnels, ils ont causé un traumatisme, dont l'effet s'est transmis de génération en génération, minant la capacité des personnes des Premières Nations et Métis de se soutenir et de se faire confiance mutuellement et créant chez un grand nombre d'entre eux un sentiment de désespoir et d'impuissance aujourd'hui.
- Par conséquent, dans de nombreuses collectivités autochtones, la violence familiale ne concerne pas seulement une famille ou une personne en particulier, mais exigera la guérison de la collectivité, une personne ou une famille à la fois. C'est une chose que nous devons comprendre parce que cela peut nous aider à apporter des changements positifs et sains dans notre propre vie.
- Les préjudices causés aux enfants qui subissent de mauvais traitements ou de la violence ou qui en sont témoins à la maison contribuent à entretenir et à perpétuer le cycle d'une génération à l'autre. Il ressort des exemples que nous voyons qu'il est facile pour les petites filles de croire qu'elles seront victimes de violence et que la violence fait simplement partie de la vie des femmes, et pour les petits garçons de penser que les hommes doivent agir avec violence envers les femmes de leur entourage, lorsque les choses vont mal ou qu'ils ont peur ou sont malheureux.
Cela ne signifie pas que tous les enfants qui grandissent dans un contexte de violence familiale seront des agresseurs ou des victimes. Les enfants peuvent développer une résilience qui leur donnera un sentiment de sécurité pendant toute leur vie; à l'âge adulte, ils pourraient avoir la force de choisir de n'être ni des agresseurs, ni des victimes. Les parents et les autres adultes doivent favoriser la résilience chez leurs enfants ainsi que chez tous les enfants dans la collectivité. Doter les enfants d'une force de caractère est crucial, peu importe ce que nous vivons.
Il est toutefois souvent impossible que la violence cesse par elle même. La famille aura besoin de counseling pour briser le cycle des mauvais traitements et de la violence et retrouver la paix.
La violence peut être déclenchée par des problèmes financiers, la colère, la jalousie, un manque de maîtrise de soi ou par des situations quotidiennes. Le logement n'est pas adéquat dans un grand nombre de réserves des Premières Nations ou de collectivités des Métis, et la surpopulation aggrave le stress de la vie quotidienne. Pour certaines personnes, le chômage, le sentiment de perdre le contrôle et des changements physiques et psychologiques provoqués par l'alcool ou la drogue contribuent à un mode de vie malsain qui inclut souvent des comportements comme la violence et les mauvais traitements.
Peu importe la manière dont elle commence, la violence dans les familles et entre conjoints se poursuit parce qu'une personne croit qu'elle — de même que ses sentiments, ses désirs, ses besoins, sa douleur, son incertitude — est « plus importante » que les autres, même qu'une personne qu'elle dit aimer. Elle « se permet » alors de faire du mal à cette autre personne, souvent quelqu'un qui ne peut pas se défendre ou ne se défendra pas, comme un conjoint, un enfant ou un Aîné. La personne qui fait du mal ne comprend peut être pas ce qu'elle fait, mais ce n'est pas une raison de maltraiter les autres, et cette violence n'est jamais justifiée.
« Nous chantons pour ceux qui ont été agressés
Nous chantons pour ceux qui ont été maltraités
Nous chantons pour ceux qui sont encore blessés
Nous chantons pour qu'ils puissent rechercher la vérité
Pour les enfants qui ne savaient rien
Pour les personnes qui ne comprennent pas
Pour les parents que nous n'avons jamais connus
Tout cela pour le pensionnat. »
Traduction d'un extrait de la chanson « We Sing: A Song For Our Families Who Experienced Residential School » reproduit avec la permission de Mason Mantla
Des études ont démontré que de nombreux survivants des pensionnats ont appris comment se protéger, par exemple en gardant le silence, en niant leurs expériences et en évitant d'attirer l'attention. Ces leçons ont eu des conséquences graves pour eux et pour leurs enfants — ils sont notamment réticents à parler des problèmes touchant leur famille ou leur collectivité ou à demander de l'aide. De plus, en raison de la perte des enseignements culturels, ils ne sont pas certains de la manière d'appliquer l'enseignement des Aînés dans la société actuelle.
« Tout le monde le sait, personne ne fait rien. »
(tiré du rapport Les femmes autochtones et la violence familiale, Canada, Centre national d'information sur la violence dans la famille, Ottawa, Agence de la santé publique du Canada, 2008.).
Les jeunes qui grandissent dans un foyer où règne la violence se font parfois dire : « N'en parle pas. » Ils apprennent à ne pas attendre d'aide de la part des adultes de leur entourage, et ils peuvent penser qu'il est inutile d'essayer de changer les choses. Refuser de parler de la violence n'engendre que de nouvelles souffrances.
Vous ne protégez ni n'aidez une personne qui vous blesse en n'en parlant pas.
Les cycles de la violence familiale doivent être rompus à la fois par les hommes et les femmes avant qu'un plus grand nombre d'enfants soient touchés.
Renforcer les familles en améliorant la sensibilisation culturelle est nécessaire à la guérison.
- Date de modification :