La victimisation avec violence : répercussions sur la santé des femmes et des enfants
Résumé
De plus en plus de données confirment les liens étroits entre la violence envers les femmes et les enfants et d'importants problèmes de santé physique et mentale, en sus des comportements risqués pour la santé. Ceux-ci sont prévalents chez les enfants, les adolescents et les adultes qui ont été victimisés durant l'enfance ou à l'âge adulte. Certains groupes, comme les femmes autochtones au Canada, courent des risques accrus de subir des actes de violence plus fréquents et plus graves entraînant des répercussions plus importantes sur leur santé.
Même si les blessures physiques et la mort font partie des répercussions que la violence peut avoir sur la santé, les problèmes de santé mentale à plus long terme en sont les conséquences les plus courantes, lesquels contribuent à leur tour à accroître les risques pour la santé ainsi que la probabilité de se livrer soi-même à la violence ou d'en être à nouveau victime ultérieurement. Des recherches plus récentes indiquent aussi que la victimisation avec violence est associée à des maladies chroniques à plus long terme.
Voici les principales conclusions du rapport touchant spécifiquement les répercussions sur la santé de la victimisation avec violence :
La violence entre partenaires intimes (VPI) et ses répercussions sur la santé des femmes et des enfants
- Les problèmes de santé physique associés à l'exposition à la VPI comprennent la douleur chronique, l'invalidité, la fibromyalgie, les troubles gastro-intestinaux, le syndrome du côlon irritable, les troubles du sommeil et les réductions généralisées du fonctionnement physique et de la qualité de vie liée à la santé. De récentes études indiquent que la VPI peut être associée aux maladies cardiaques.
- En ce qui a trait à la santé génésique des femmes, la VPI est associée aux troubles gynécologiques, à l'infertilité, à la maladie inflammatoire pelvienne, aux complications durant la grossesse et aux fausses couches, aux dysfonctions sexuelles, aux maladies transmissibles sexuellement y compris le VIH/sida, aux avortements à risques et aux grossesses non désirées.
- La VPI pendant la grossesse est associée au femicide et aux sévices causés directement au foetus, ce qui peut entraîner des naissances prématurées ou des bébés de faible poids à la naissance.
- Les conséquences défavorables découlant du fait d'avoir été témoin de VPI durant l'enfance comprennent le risque accru de connaître des problèmes psychologiques, sociaux et comportementaux, dont l'anxiété et les troubles d'humeur, ainsi que la toxicomanie et les difficultés scolaires durant l’enfance et l’adolescence.
- La VPI est systématiquement associée à des taux élevés de dépression, aux troubles d'anxiété (notamment l’ESPT), aux troubles du sommeil persistants, aux phobies et aux crises de panique, aux troubles psychosomatiques, au comportement suicidaire et à l'automutilation, aux troubles alimentaires, à la toxicomanie, aux troubles de la personnalité antisociale et aux psychoses non affectives.
- Chez les femmes autochtones ayant des antécédents de violence, la prévalence de ces troubles, surtout la dépression, peut être plus élevée, même si les femmes autochtones exposées à la violence estiment elles-mêmes que leur santé se situe au même niveau que celle des femmes non autochtones.
- L'exposition à la VPI est associée à des comportements à risques pour la santé, y compris la consommation excessive d'alcool et de drogue, le tabagisme, les comportements sexuels à risque et l'inactivité physique.
Agressions sexuelles de femmes par des non-partenaires
- La plupart des agressions sexuelles ne causent pas de blessures physiques mais le cas échéant, elles peuvent avoir des répercussions sur la santé génésique et causer des complications gynécologiques lors de la grossesse (saignements ou infections vaginales, fibromes, diminution du désir sexuel, irritation génitale, douleurs pendant les rapports sexuels, douleurs pelviennes chroniques et infections des voies urinaires), ainsi que des maladies sexuellement transmissibles, y compris l'infection par le VIH.
- Les répercussions des agressions sexuelles sur la santé mentale sont semblables à celles décrites plus haut pour la VPI, la dépression et l'anxiété, surtout l’ESPT, étant les plus directement associés à ce type de victimisation. Cette victimisation peut accroître les taux de comportements suicidaires.
Abus sexuel d'enfants (ASE)
- L'exposition à l'ASE est associée à des troubles dans de nombreux domaines, y compris ceux de la santé mentale, de la santé physique, de l'éducation, du comportement criminel et du fonctionnement interpersonnel.
- Chez les petites filles, l’abus sexuel est associé à des effets négatifs à court et à long terme sur la santé mentale, selon la gravité, la persistance et la présence de facteurs de risque et de protection, aussi bien génétiques qu'environnementaux.
- L'ASE est un facteur de risque non spécifique d'internalisation et d'externalisation des troubles chez les jeunes filles et les femmes adultes; il est associé aux dérèglements neurobiologiques à la fois chez l'enfant et chez l'adulte, y compris aux altérations de l'axe hypothalamique - pituitaire - surrénal (HPS), du système nerveux sympathique et plus récemment, du système immunitaire.
- Les répercussions de l'ASE sur la santé mentale continuent de se faire sentir à l'âge adulte. Chez les femmes adultes, tout indique qu'il existe une forte association entre l'ASE et la dépression, l’ESPT, les crises de panique, la dépendance à la drogue et à l'alcool et les tentatives de suicide.
Formes multiples de violence envers les enfants/expériences négatives vécues durant l’enfance
- L'exposition à de multiples formes de violence envers les enfants entraîne des séquelles psychologiques à court terme, qui se manifestent par des comportements tels que l'incontinence, les cauchemars et le retrait social.
- Les répercussions à plus long terme peuvent être :
- des troubles de santé physique, dont la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), la cardiopathie ischémique (CI), la maladie du foie, les maladies sexuellement transmissibles (MST), la mort foetale et les grossesses non désirées durant l'adolescence;
- des troubles de santé mentale, dont la dépression, les tentatives de suicide, les troubles du sommeil et réduction de la qualité de vie liée à la santé;
- des comportements risqués pour la santé, dont l’alcoolisme et l’abus d'alcool, l’usage illicite de drogue, le risque de violence entre partenaires intimes, la multiplication des partenaires sexuels, le tabagisme et l’usage précoce du tabac, l’initiation précoce aux activités sexuelles.
- des troubles de santé physique, dont la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), la cardiopathie ischémique (CI), la maladie du foie, les maladies sexuellement transmissibles (MST), la mort foetale et les grossesses non désirées durant l'adolescence;
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