Plus que de l’argent : L’essentiel des bitcoins, des chaînes de blocs et des contrats intelligents

Introduction

Ses partisans affirment que le bitcoin décentralisera le pouvoir des banques et d’autres institutions, tout en le distribuant à l’ensemble des communautés. S’il tient ses promesses, le bitcoin ne sera que le début. Les technologies qui sous-tendent le bitcoin, soit la chaîne de blocs (également connue sous le nom de registre distribué) et les contrats intelligents, sont prêtes à aller au-delà de l’argent pour passer à d’autres applications dans le monde réel. Ces technologies pourraient un jour amener l’automatisation à gravir les échelons de l’entreprise jusqu’à la haute direction, et rendre même les PDG superflus, et atteindre les organisations publiques dans un avenir lointain.

À bien des égards, ces technologies sont semblables à Internet au début des années 1990. Elles sont trop compliquées pour être comprises par les consommateurs moyens, mais les développeurs et les investisseurs les inondent de ressources. Les consommateurs moyens ne comprennent pas comment le bitcoin ou toute autre monnaie virtuelle peut réussir en l’absence de représentation physique de la valeur de la monnaie, mais les banques ont traité des opérations autres qu’en espèces d’une valeur de 410 billions de dollars (plus de cinq fois le PIB mondial) en 2013. L’année suivante, en 2014, les banques ont tiré 1,1 billion de dollars de revenus de ce genre d’opérations.

Les sommes d’argent perdues chaque année à cause de la fraude bancaire sont plus préoccupantes. En 2013, à elles seules, les opérations sans carte ont fait perdre 9 milliards de dollars en raison des cas de piratage en ligne, de fraude téléphonique ou d’escroquerie par correspondance. La somme perdue devrait atteindre 19 milliards de dollars d’ici 2018. Selon de nombreuses banques (62 % des banques interrogées par Bank Info Security en 2014), les cas de fraude passent souvent inaperçus jusqu’à ce que leurs clients les en informent.

Les partisans de la cryptomonnaie, de la chaîne de blocs et des contrats intelligents promettent que ces technologies offriront des services plus sûrs, plus efficaces et moins coûteux aux fins des opérations financières. Si ces technologies permettent de réduire la fraude bancaire, peut-être pourraient-elles éventuellement empêcher la fraude électorale, simplifier la gestion des dossiers médicaux, accroître l’efficacité du réseau électrique et brasser bien autre chose que de l’argent.

Clarification des termes

Qu’est-ce qu’un bitcoin et une cryptomonnaie?

Le bitcoin gagne en popularité depuis sa diffusion en tant que logiciel libre en 2009. À ce jour, il est l’exemple le plus réussi de monnaie numérique (monnaie virtuelle pouvant servir à acheter des biens matériels comme des biens immobiliers) et il constitue la toute première cryptomonnaie (monnaie dont la création et le transfert reposent sur le chiffrement au lieu des processus des banques centrales). Cependant, le bitcoin n’est pas la seule cryptomonnaie, et plusieurs communautés similaires font maintenant leur apparition.

À l’heure actuelle, aucune cryptomonnaie n’est soutenue par une institution centralisée. Les cryptomonnaies sont générées et régies électroniquement à l’aide d’algorithmes qui résolvent des équations mathématiques. Elles sont contrôlées par une communauté distribuée à laquelle n’importe qui peut se joindre, et sont produites électroniquement par des particuliers et des entreprises dans le monde entier. Les systèmes informatiques nécessaires à la création et à la validation des cryptomonnaies sont de plus en plus coûteux, même si la valeur de celles-ci fluctue.

Qu'est-ce qu'une chaîne de blocs?

Une chaîne de blocs est une base de données publique sur les opérations dont la nature rappelle celle d’une feuille de calcul Excel, mais dont la propriété et la surveillance ne relèvent d’aucune personne ni organisation. La propriété est plutôt répartie entre les membres décentralisés d’une communauté disparate (bitcoin ou autre).

La chaîne de blocs du bitcoin est anonyme en ce qui concerne les personnes du monde réel qui utilisent un compte, mais le compte lui-même est public. Une clé privée est attribuée à l’utilisateur de chaque compte unique pour renforcer la sécurité des mots de passe. L’élément le plus important est la capacité de la chaîne de blocs d’identifier en toute sécurité le personnage en ligne du titulaire du compte qui l’utilise avec la clé privée. Dès qu’une personne du monde réel fait connaître son identité réelle à l’aide d’une carte de crédit, d’une empreinte digitale ou de tout autre identifiant unique, la chaîne de blocs peut identifier en toute sécurité l’utilisateur de la clé. Par contre, la nature anonyme de cette technologie que beaucoup apprécient est alors perdue.

La chaîne de blocs ajoute également un autre niveau de sécurité que bon nombre d’autres technologies en ligne n’ont pas : le consensus et la permanence. La communauté de la chaîne de blocs doit parvenir à un consensus majoritaire sur chaque opération et tout autre changement apporté à la chaîne de blocs. Comme chaque mise à jour de la chaîne de blocs ne peut être supprimée, la chaîne de blocs permet de réaliser des audits avec une confiance accrue.

Qu’est-ce qu’un contrat intelligent?

Un contrat intelligent est un code qui permet un échange une fois les conditions préétablies remplies (si telle chose se produit, alors telle autre chose se produit). Les contrats intelligents sont en grande partie le moteur de ce qu’on appelle l’Internet des objetsNote de bas de page 1. C’est ainsi que les lumières d’une maison s’allument et que la climatisation ou le chauffage est optimisé quand la voiture du propriétaire se trouve à moins de 10 km. Toutefois, les contrats intelligents peuvent également déclencher un échange en fonction des données entrées dans une chaîne de blocs pour automatiser des tâches.

La chaîne de blocs permet à la gestion des données du monde réel de fonctionner davantage comme un ordinateur grâce à l’automatisation de tâches fastidieuses, comme le traitement des paiements. Lorsque le total des paiements mensuels d’un emprunteur équivaut au total de l’hypothèque, l’emprunteur est alors automatiquement inscrit comme le propriétaire à part entière de la maison. Les contrats intelligents peuvent automatiser les processus d’entiercement. Si un pari est fait, l’argent est alors détenu par un compte tiers auquel le contrat intelligent accède pour payer le gagnant. C’est donc dire que les instruments dérivés et l’assurance se prêtent très bien à l’automatisation à l’aide de contrats intelligents.

Qu’est-ce qu’une organisation autonome décentralisée (OAD)?

Puisque le modèle distribué qu’offre la chaîne de blocs se combine avec l’automatisation des contrats intelligents et d’autres technologies, il est possible pour les organisations d’automatiser leurs activités et de répartir leur gouvernance.

Même en cas de dissolution de l’entreprise centralisée, le service resterait et fonctionnerait normalement puisque tous les systèmes et processus sont distribués et autonomes. La tâche de gérer un service de plusieurs millions de dollars serait donc plus facile pour un propriétaire unique.