Fiche d'information : Travailler avec les victimes de la haineNote de bas de page 1Note de bas de page 2
- Un crime haineux est une « […] infraction criminelle motivée par la haine de la race, de l’origine nationale ou ethnique, de la langue, de la couleur, de la religion, du sexe, de l’âge, de la déficience mentale ou physique, de l’orientation sexuelle ou de l’identité ou de l’expression de genre, ou d’autres facteurs semblables ». (Définition du Programme de déclaration uniforme de la criminalité, version 2.2)
- Les intervenants qui aident les victimes devraient se concentrer sur la façon dont la victime définit le crime, et non uniquement sur les définitions juridiques
- Le soin qui tient compte des traumatismes est une approche habilitante qui reconnaît et respecte l’histoire des traumatismes de la victime et qui s’efforce d’éviter d’autres traumatismes
- Le consentement complet et éclairé fait partie de la prestation de soins éthiques qui aident la victime à diriger le parcours de guérison
- Les intervenants devraient chercher à recourir à l’apprentissage, à la consultation et à la supervision pour remédier aux angles morts et aux préjugés personnels. Les outils d’auto-évaluation en ligne peuvent être utiles
- Les crimes haineux créent des « vagues de préjudices », qui touchent la victime, sa famille, le groupe auquel elle s’identifie et la société en général
- Les intervenants devraient être conscients de l’importance de la perception qu’ont les victimes de leur culture et de leur identité personnelle et culturelle et de la façon dont ils ont fait face et se sont adaptés aux préjugés dans la société
- Les intervenants devraient réfléchir à la nature systémique des préjugés. Comment les préjugés, la discrimination systémique et la victimisation par la haine influent-ils sur la façon dont la victime abordera l’intervenant et la relation professionnelle?
- Il serait utile que les intervenants puissent évaluer les soutiens dont peut se prévaloir la victime dans la société et si elle a de bons modèles d’adaptation
- Bon nombre des victimes de crimes haineux ne signalent pas le crime aux autorités. Les intervenants peuvent faire face à cette réticence lorsqu’ils traitent les victimes de crimes haineux
- Les intervenants devraient utiliser Internet pour trouver des ressources qui se rapportent au groupe auquel s’identifie leur client et à leurs problèmes
Comparativement à avant leur victimisation, souvent, les victimes de crimes haineux :
- se sentent moins en sécurité (Abu-Ras et Suarez [2009]; Ashraf et Nassar [2018]; Awan et Zempi [2015]; Boeckmann et Turpin-Petrosino [2002]; Garnetts et coll. [1990]; Huang et Tsai [2022]; Huynh, Raval et Freeman [2022]; Janoff [2005]; Mason-Bish et Duggan [2020]; Staub [1996])
- voient le monde comme moins ordonné et moins utile (Garnetts et coll. [1990])
- ont une faible estime d’elles-mêmes (Dunbar [2006]; Garnetts et coll. [1990]; Janoff [2005])
- se sentent moins efficace (Staub, [1996])
- font de l’évitement et s’isolent (Cramer et coll. [2018]; Funnell [2015]; Samari, Alcalá et Sharif, [2018])
- ont des problèmes de relations personnelles (Janoff [2005]; Staub [1996])
- se sentent coupable et rejettent le blâme sur elles (Dunbar [2006]; Wertheimer [1990])
- sont moins empathiques envers les autres victimes d’actes criminels motivés par la haine ou culpabilisent les victimes (Paterson et coll. [2019b])
- remettent en question leur capacité de se protéger (Staub [1996])
- sentent qu’elles ne peuvent atteindre leurs objectifs de vie (Staub [1996])
- sont en colère contre la collectivité ou la sous-collectivité (Herek et coll. [1997]; Janoff [2005]; Staub [1996])
- se sentent exclues de la société plus grande, ce qui se fait sentir sur leur identité (Ashraf et Nassar [2018])
- souffrent de dépression (Awan et Zempi [2015]; Burton et coll. [2013]; Feddes et Jonas [2020]; Herek et coll. [1997]; Huynh, Raval et Freeman [2022]; Inman et coll. [2021]; Janoff [2005]; Lee et Waters [2021])
- souffrent d’anxiété ou de stress post-traumatique (Alhaboby et coll. [2016]; Cramer et coll. [2018]; Garnetts et coll. [1990]; Herek et coll. [1997]; Huynh, Raval et Freeman [2022]; Inman et coll. [2021]; Janoff [2005]; Lee et Waters [2021]; Sims et coll. [2022])
- peuvent avoir des pensées suicidaires accrues (Burton et coll. [2013]; Cramer et coll. [2018]; Duncan et Hatzenbuehler [2014])
- éprouvent des problèmes de sommeil (Lee et Waters [2021])
- ont des maux de tête et des cauchemars, pleurent, sont agitées et nerveuses et maigrissent (Garnetts et coll. [1990]; Janoff [2005])
- consomment plus d’alcool et d’autres drogues (Janoff [2005])
- peuvent participer à l’action sociale et à la défense des intérêts (Sheehan, Maduro et Derlega [2021])
Comparativement aux autres victimes, les victimes de crimes haineux sont plus susceptibles :
- de subir des agressions brutales (Janoff [2005]; Willis [2004]) et sont presque trois fois plus susceptibles de subir des blessures graves (Messner, McHugh et Felson [2004])
- de signaler une plus grande détresse (Herek, Gillis, Cogan et Glunt [1997]; Herek, Gillis et Cogan [1999]; McDevitt et coll. [2001]; Mjoseth [1998])
- de déclarer des niveaux de crainte plus élevés (Craig-Henderson et Sloan [2003]; Herek, Cogan et Gillis, [2002]; McDevitt et coll. [2001])
- de signaler des niveaux plus élevés de dépression, d’anxiété, de colère et de symptômes du SSPT (Alhaboby, et coll. [2016], Herek et coll. [1997]; Mcdevitt et coll. [2001]). Toutefois d’autres chercheurs n’ont constaté aucune différence entre les deux groupes en ce qui concerne la dépression (Rose et Mechanic [2002])
- de considérer les autres comme dangereux (Herek et coll. [1997]; Herek et coll. [1999])
- de considérer le monde comme peu sûr (Herek et coll. [1999]; McDevitt et coll. [2001])
- de considérer leur risque de victimisation future comme étant plus élevé qu’auparavant (Herek et coll. [1997])
- de manifester un niveau relativement faible de maîtrise personnelle (Herek et coll. [1999])
- de considérer les échecs personnels comme étant attribuables aux préjugés (Herek et coll. [1999])
- d’indiquer qu’il est « très difficile » de se remettre de l’incident (McDevitt et coll. [2001])
- de signaler que l’incident a des répercussions importantes sur leur vie (Craig-Henderson et Sloan [2003])
- de déclarer avoir plus de pensées envahissantes au sujet de l’incident et de ne plus vouloir vivre (McDevitt et coll. [2001])
- d’indiquer avoir perdu leur emploi (McDevitt et coll. [2001])
- de signaler d’importants problèmes de santé (McDevitt et coll. [2001])
Références
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