Justice en langues officielles - Le bulletin
(No03 | Novembre 2011)
Éducaloi : la passion de dire le droit pour être compris !
Me Sarah Dougherty
En octobre 2010, Éducaloi célébrait ses dix ans de services de vulgarisation de l’information juridique à l’intention de la population québécoise, tant francophone qu’anglophone. Me Sarah Dougherty, responsable de contenu à Éducaloi, a accepté notre invitation pour discuter de l’approche de l’organisme en ce qui a trait aux services offerts à la communauté d’expression anglaise du Québec[5].
Q - Quel est votre rôle au sein de l’organisme ?
R - Depuis sa fondation en l’an 2000, Éducaloi offre des services à la communauté d’expression anglaise du Québec. Cette offre de service fait partie de notre philosophie de travail voulant que l’information soit accessible au plus grand nombre possible de personnes. Un poste de responsable du contenu anglophone, dont je suis actuellement titulaire, a été créé afin de développer et de coordonner les services que nous étions en mesure d’offrir. Une de mes responsabilités consiste à établir des relations avec la communauté d’expression anglaise et à concevoir du contenu qui répond à ses besoins.
Q - Quels sont les services offerts à la communauté d’expression anglaise ? Sont-ils différents de ceux offerts à la communauté francophone ?
R - Environ 99 p. 100 du contenu de notre site Internet est disponible en anglais. Les outils de communication et les nouveaux contenus sont développés, produits et adaptés selon les besoins et les préoccupations spécifiques identifiés par le biais de différents mécanismes. Il s’agit, entre autres, de l’analyse de la fréquentation de notre site Internet, des sujets ayant suscité le plus d’intérêt et des activités organisées par les communautés. À titre d’exemple, nous avons élaboré du matériel portant notamment sur les droits linguistiques au Québec, l’éducation en langue anglaise et l’utilisation de la langue française au travail à l’intention de la communauté d’expression anglaise.
Nous avons récemment conçu un projet uniquement en anglais dans le domaine du droit de la famille et nous développons actuellement un autre projet portant sur la violence familiale. Pour ce faire, nous avons utilisé les technologies de l’information, telle la vidéoconférence, afin de rendre l’information accessible à l’ensemble des populations d’expression anglaise du Québec. Étant donné que ces communautés sont dispersées sur l’ensemble du territoire québécois, il est essentiel que nous développions des stratégies de communication facilitant le partage de connaissances et la diffusion de l’information avec le plus grand nombre de personnes possible, où qu’elles se trouvent.
Les ressources développées pour le milieu scolaire ont aussi été adaptées en vue de leur utilisation dans les écoles anglophones du Québec.
Lorsque nous adaptons nos contenus pour la communauté d’expression anglaise du Québec, nous portons une attention particulière à la terminologie utilisée, aux exemples présentés, de même qu’aux modes de communication et aux mécanismes de diffusion retenus. Nous nous assurons ainsi que le sens et les références culturelles correspondent véritablement à la réalité de cette clientèle.
Q - Avec qui travaillez-vous en partenariat ?
R - Nos principaux partenaires sont le Quebec Community Groups Network, le Réseau communautaire de santé et de services sociaux, la Clinique d’information juridique à McGill et le Comité sur l’accès à la justice en langue anglaise du Barreau de Montréal. Nous travaillons aussi avec plusieurs autres organismes qui contribuent à la vie communautaire et au développement de la communauté d’expression anglaise du Québec. De plus, nos partenariats avec la Fédération des associations de juristes d’expression française de common law et certaines associations provinciales de juristes d’expression française (AJEF) nous permettent de bénéficier de leur expertise en matière de conception et de diffusion de renseignements juridiques à l’intention des communautés de langue officielle vivant en situation minoritaire.
Éducaloi entretient donc des relations avec plusieurs organismes et avec des citoyens issus de la communauté d’expression anglaise partout au Québec et ailleurs au pays. En participant activement aux activités sociales et communautaires, notre équipe parvient à tisser des liens étroits avec différents intervenants communautaires, nous permettant ainsi d’être à l’affût de leurs besoins et de leurs préoccupations.
Q - Comment déterminez-vous les services à développer et à offrir à la communauté d’expression anglaise ?
R - Notre réseau de partenaires dans la communauté d’expression anglaise nous permet d’échanger des idées, de discuter des besoins et de partager des données. Par exemple, nous nous servons des données recueillies dans le cadre de recherches scientifiques réalisées par le Réseau communautaire de santé et de services sociaux. De plus, deux projets nous ont permis d’effectuer une évaluation des besoins de la communauté d’expression anglaise en organisant des rencontres sur le terrain et en invitant les citoyens à nous faire part de leurs préoccupations.
Q - Quels sont les défis et les préoccupations de la communauté d’expression anglaise ?
R - Le vieillissement de la population et l’exode des jeunes comptent parmi les principaux défis auxquels fait face la communauté d’expression anglaise au Québec. Dans certaines régions, la migration des jeunes des milieux ruraux vers les grands centres urbains a un impact significatif sur le portrait démographique, en faisant augmenter de façon importante la proportion d’aînés par rapport aux jeunes. Les jeunes, qui seraient en mesure d’accompagner les aînés dans leur démarche pour l’obtention de services ou de renseignements, ont quitté leur communauté d’origine. Pour Éducaloi, cela se traduit par la nécessité de concevoir et de diffuser des renseignements juridiques à l’intention de cette population vieillissante et de trouver des moyens de rejoindre cette clientèle plus vulnérable.
Certains défis de la communauté d’expression anglaise du Québec rejoignent ceux des communautés francophones dans les autres provinces et territoires. Beaucoup d’anglophones comprennent les renseignements de base en français. Par contre, lorsqu’il s’agit de sujets plus délicats, techniques ou spécialisés, la version anglaise de la documentation est utile, voire essentielle, pour assurer une bonne compréhension et faciliter les interactions avec les fournisseurs de services.
Q - Les modes de communication utilisés pour la communauté d’expression anglaise sont-ils différents de ceux employés pour la majorité linguistique au Québec ?
R - La communauté d’expression anglaise du Québec a ses propres traditions, de même que ses propres organismes et médias. Nous nous servons donc des modes de communication existants afin de la rejoindre de façon plus efficace. Nos articles électroniques sont envoyés au quotidien The Gazette et un bulletin électronique, qui contient des informations en anglais, est aussi diffusé gratuitement.
Vivant en situation minoritaire, certaines populations anglophones se sentent parfois isolées et, outre les informations disponibles dans notre site Internet, les meilleurs mécanismes de communication demeurent les contacts personnels, par téléphone ou par courriel.
Enfin, les centres scolaires et communautaires[6] constituent également des passerelles naturelles, puisqu’elles sont à la fois un lieu de réseautage et un ensemble de partenariats entre les écoles, les familles et les communautés. Ce sont des partenaires essentiels qui nous permettent d’établir des relations avec les populations anglophones. Il nous importe donc de tisser des liens avec les centres afin de continuer à améliorer l’offre de services dans les deux langues officielles.
Pour en savoir davantage sur Éducaloi, veuillez visiter leur site Internet à l’adresse suivante : www.educaloi.qc.ca.
- [5] Le texte représente un résumé des discussions avec Me Dougherty.
- [6] « L’initiative des centres scolaires et communautaires vise à aider les écoles anglophones dites traditionnelles à devenir des écoles communautaires qui allient l’éducation et d’autres ressources comme les services de santé et les services sociaux (Éducation, Loisir et Sport Québec, Les centres scolaires et communautaires) ».
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