CONCILIER ET RÉCONCILIER

En règle générale, concilier s’emploie avec des choses tandis que réconcilier s’utilise plutôt avec des personnes.

C’est ainsi qu’on réconcilie des personnes entre elles, quand elles sont brouillées ou en désaccord profond, ou une personne avec quelque chose qu’elle n’aime plus (par exemple, on peut réconcilier quelqu’un avec la vie… ou la musique moderne). En revanche, on concilie des idées, des droits, des obligations, des intérêts; on peut aussi chercher à concilier des choses qui s’opposent ou ne vont pas nécessairement ensemble (concilier ses droits et ses devoirs, concilier bonheur individuel et solidarité sociale).

Il est à noter toutefois que réconcilier peut à l’occasion, le plus souvent dans des emplois littéraires (cf. Grand dictionnaire de la langue française de LAROUSSE), avoir un sens assez proche de celui de concilier, comme dans les expressions « réconcilier la politique et la morale, l’art et la raison, classicisme et romantisme, etc. ». Sans doute peut-on expliquer cet usage par une sorte de personnification des choses. Il va sans dire qu’il est très rarement de mise dans les textes législatifs.

Enfin, il convient de ne pas oublier que, en droit notamment, la conciliation peut viser des personnes : ainsi, on cherchera à concilier les parties à un litige ou tout simplement deux adversaires. La conciliation est en outre un mode de règlement amiable des conflits collectifs du travail.

Remarque

Le mauvais emploi de l’un pour l’autre (surtout de réconcilier au lieu de concilier) tient sans doute en grande partie au fait que l’anglais, pour exprimer les deux notions, dispose essentiellement d’un seul terme (to reconcile), qui est en réalité, dans son emploi le plus courant, beaucoup plus proche de concilier que de son quasi-homographe français.