Comprendre la violence familiale et les agressions sexuelles dans les territoires, les Premières Nations, les Métis et les Inuits
- 3.1 Caractéristiques démographiques de l’accusé
- 3.2 Agressions sexuelles
- 3.3 Infractions de violence familiale
- 3.4 Condamnation avec sursis pour les deux types d’infraction
3. Constatations
3.1. Caractéristiques démographiques de l’accusé
La présente section examine les caractéristiques démographiques des accusés eux-mêmes, soit des données sur leur âge, leur état-civil et leurs conditions de logement au moment de l’incident.
D’après Statistique Canada, les Autochtones constituent une grande partie de la population des territoires : 85 % des habitants du Nunavut, 51 % de ceux des T.N.-O. et 23 % de ceux du Yukon sont membres des Premières Nations ou Métis ou Inuits[5]. Cependant, les Autochtones sont surreprésentés dans le système de justice pénale des territoires, tout comme ils le sont dans l’ensemble du Canada [6]. Presque toutes les personnes accusées dans les territoires (93 %) étaient des membres des Premières Nations, des Métis ou des Inuits.
La plupart des accusés étaient des hommes : 98 % des 556 individus accusés d’agression sexuelle et 87 % des 918 individus accusés d’infraction de violence familiale. Une minorité seulement des personnes accusées d’infraction de violence familiale étaient des femmes; c’est au Yukon qu’on en a relevé la plus forte proportion de femmes accusées (15 %); ensuite, dans les T.N.-O. (14 %), et enfin, au Nunavut (10 %).
Parmi les accusés des deux types d’infractions, l’âge moyen et l’âge médian se situaient vers le début et le milieu de la trentaine. Cependant, comme l’indiquent les tableaux 1 et 2 ci-dessous, les âges variaient considérablement. La plus vaste gamme d’âge se situait au Nunavut où la plus jeune personne accusée d’agression sexuelle avait 13 ans et la plus âgée, 85 ans.
Nunavut | T.N.-O. | Yukon | |
---|---|---|---|
Le plus jeune | 13 | 14 | 14 |
Le plus vieux | 85 | 71 | 72 |
Âge moyen | 32 | 32 | 35 |
Âge médian | 31 | 31 | 34 |
Nunavut | T.N.-O. | Yukon | |
---|---|---|---|
Le plus jeune | 16 | 19 | 18 |
Le plus vieux | 72 | 75 | 63 |
Âge moyen | 32 | 34 | 35 |
Âge médian | 32 | 33 | 34 |
Alors que 39 % des individus accusés d’agression sexuelle étaient mariés au moment de l’incident, une plus petite proportion (23 %, soit un peu moins du quart) vivaient avec leur épouse ou leur conjointe de fait (8 %), et leurs enfants ou ceux de leur conjointe (15 %) au moment de l’incident. Dix-huit pour cent vivaient avec leurs parents ou d’autres proches, ce qui fait ressortir le jeune âge de certains des accusés. Six pour cent étaient sans abri ou n’avaient pas de domicile fixe.
Conditions de vie | Fréquence | Pourcentage |
---|---|---|
Avec l′épouse ou la conjointe de fait, et ses propres enfants ou ceux de la conjointe | 82 | 15 % |
Avec les parents | 74 | 13 % |
Avec l′épouse ou la conjointe de fait, sans enfant | 39 | 8 % |
Seuls | 38 | 7 % |
Avec d′autres parents | 29 | 5 % |
Avec ses propres enfants ou ceux de la conjointe seulement | 7 | 1 % |
Avec des amis | 8 | 1 % |
Sans abri (itinérant ou sans adresse fixe) | 22 | 4 % |
Autre | 30 | 6 % |
Inconnu | 227 | 40 % |
Total | 556 | 100 % |
Le même modèle vaut pour la violence familiale : la grande majorité des individus accusés d’une infraction de violence familiale (92 %) étaient mariés au moment de l’incident; 71 % vivaient avec leur épouse ou leur conjointe de fait et leurs propres enfants ou ceux de leur conjointe. Un pour cent étaient sans domiciles au moment de l’incident.
Conditions de vie | Fréquence | Pourcentage |
---|---|---|
Avec l′épouse ou la conjointe de fait, et ses propres enfants ou ceux de la conjointe | 386 | 42 % |
Avec l′épouse ou la conjointe de fait, sans enfant | 264 | 29 % |
Seuls | 48 | 5 % |
Avec les parents | 25 | 3 % |
Avec ses enfants ou ceux de la conjointe seulement | 10 | 1 % |
Avec d′autres proches | 11 | 1 % |
Avec des amis | 5 | < 1 % |
Sans abri (itinérant ou sans adresse fixe) | 9 | 1 % |
Autre | 19 | 2 % |
Inconnu | 141 | 15 % |
Total | 918 | 100 % |
Le reste de la présente section retrace les données à mesure que l’accusé suit le processus de justice pénale, en commençant par les agressions sexuelles.
3.2 Agressions sexuelles
L’alcool ou la drogue était impliquée dans de nombreux cas d’agression sexuelle. À peu près la moitié (52 %) des personnes accusées d’agression sexuelle avaient les facultés affaiblies par la drogue ou l’alcool au moment de l’infraction. La proportion la plus élevée (63 %) se trouvait dans les T.N.-O., suivi du Yukon (59 %) et de Nunavut (40 %). En outre, presque la moitié (43 %) des victimes d’agressions sexuelles avaient les facultés affaiblies par l’alcool ou la drogue.
La majorité des personnes accusées d’agression sexuelle faisaient l’objet de deux chefs d’accusation, en moyenne, au moment de l’incident en cause. Cependant, au Yukon et dans les T.N.-O., on a relevé, pour certains, jusqu’à six chefs d’accusation, et jusqu’à 16 au Nunavut. La majorité (84 %) des accusations les plus graves dans les territoires portaient sur des agressions sexuelles de niveau 1; venaient ensuite les accusations pour contacts sexuels (12 %).
Nunavut % | T.N.-O. % | Yukon % | Total % | |
---|---|---|---|---|
Agression sexuelle 1 | 85 % | 85 % | 81 % | 84 % |
Contacts sexuels | 11 % | 10 % | 16 % | 12 % |
Agression sexuelle 2 | 4 % | 4 % | 3 % | 4 % |
Agression sexuelle 3 | < 1 % | < 1 % | 0 % | < 1 % |
Total | 100 % | 100 % | 100 % | 100 % |
Comme le tableau 6 l’indique, 13 % des individus accusés d’agression sexuelle ont été déclarés non coupables. La moitié (50 %) ont été reconnus coupables, mais ce taux variait selon le territoire, à savoir 63 % au Nunavut, 55 % au Yukon et 32 % dans les T.N.-O. La grande majorité (79 %) de ceux qui ont été reconnus coupables l’ont été de l’accusation originale. Un quart de l’échantillon (24 %) ont vu toutes les accusations suspendues ou retirées, pour des raisons diverses, entre autres, parce que les preuves étaient insuffisantes ou parce que la victime refusait de poursuivre.
Nunavut % | 1T.N.-O.% | Yukon % | Total % | |
---|---|---|---|---|
Coupable | 63 | 32 | 55 | 50 |
Non coupable | 11 | 14 | 13 | 13 |
Suspension/retrait | 20 | 29 | 24 | 24 |
Autre/non enregistré | 7 | 25 | 8 | 14 |
Plus de la moitié (58 %) de l’ensemble des individus reconnus coupables d’agression sexuelle ont été condamnés à une peine d’incarcération. Par comparaison avec les autres territoires, les T.N.-O. présentent un taux de condamnations moins élevé (32 %) mais un taux d’incarcération notablement plus élevé (86 %) par rapport au taux de condamnation.
Nunavut | T.N.-O. | Yukon | Total | |
---|---|---|---|---|
Incarcération | 48 % | 86 % | 52 % | 58 % |
Condamnation avec sursis | 23 % | 6 % | 19 % | 18 % |
Probation | 26 % | 8 % | 26 % | 22 % |
Autre | 3 % | 0 % | 3 % | 2 % |
La durée des peines pour agression sexuelle varie également selon le territoire. On trouvera des détails sur la durée des peines imposées aux tableaux 8 et 9. Ces détails englobent la durée des peines minimales, maximales et médianes ainsi que les amendes et le dédommagement. Au Yukon, les peines imposées étaient plus courtes que dans les autres territoires; la durée maximale de la peine pour agression sexuelle était de 36 mois (3 ans), par comparaison avec 73 mois (légèrement plus que 6 ans) dans les T.N.-O. et 79 mois (6 ans et demi) au Nunavut.
Peines | Minimale - nombre de mois | Maximale - nombre de mois | Médiane - nombre de mois | |
---|---|---|---|---|
Nunavut | Incarcér. | < 1 | 79 | 9 |
Probation | < 1 | 36 | 12 | |
T.N.-O. | Incarcér. | < 1 | 73 | 10 |
Probation | 6 | 24 | 12 | |
Yukon | Incarcér. | 1 | 36 | 6 |
Probation | 3 | 37 | 18 |
Amende/dédommagement | Amende minimale | Amende maximale | Amende médiane |
---|---|---|---|
Nunavut | 200 $ | 1 000 $ | 500 $ |
T.N.-O. | 50 $ | 500 $ | 50 $ |
Yukon | 50 $ | 100 $ | 100 $ |
3.3 Infractions de violence familiale
L’alcool ou la drogue était aussi impliquée dans de nombreux cas de violence familiale. Des infractions de violence familiale, 69 % ont été commises pendant que l’accusé avait les facultés affaiblies par la drogue ou l’alcool. Cela touche environ les trois quarts des accusés au Yukon (76 %) et au Nunavut (73 %). C’était le cas aussi pour un peu plus de la moitié (56 %) des accusés au Nunavut. En outre, un peu plus de la moitié (54 %) des victimes de violence familiale avaient les facultés affaiblies par l’alcool ou la drogue au moment de l’agression.
Dans les cas de violence familiale, alors que la moyenne et la médiane des accusations au moment de l’incident étaient de deux, ces nombres allaient jusqu’à 12 au Nunavut et dans les T.N.-O., et jusqu’à 11 au Yukon. Les voies de fait de niveau 1 étaient le chef d’accusation le plus grave dans la majorité des cas (74 %), suivies par les voies de fait de niveau 2 (22 %). Comme l’indique le tableau 10, les niveaux de gravité sont à peu près uniformes dans les trois territoires.
Nunavut | T.N.-O. | Yukon | Total | |
---|---|---|---|---|
Voies de fait niveau 1 | 74 % | 77 % | 71 % | 74 % |
Voies de fait niveau 2 | 20 % | 20 % | 26 % | 22 % |
Voies de fait niveau 3 | 4 % | 3 % | 1 % | 2 % |
Harcèlement criminel ou menaces | 2 % | < 1 % | 2 % | 2 % |
Total | 100 % | 100 % | 100 % | 100 % |
Globalement, 7 % seulement des individus accusés d’une infraction de violence familiale ont été déclarés non coupables, soit 3 % au Nunavut, 7 % au Yukon, et 10 % dans les T.N.-O. Cinquante-sept pour cent ont été reconnus coupables, et dans 22 % des cas, les poursuites ont été suspendues. Le taux global de condamnations varie largement selon le territoire, comme l’indique le tableau 11. Alors que dans les T.N.-O, le taux de condamnation était de 34 %, il était de 58 % au Yukon et de 80 % au Nunavut. La grande majorité des individus (82 %) reconnus coupables dans les territoires ont été condamnés pour la plus grave des accusations originales de violence familiale.
Nunavut % | T.N.-O.% | Yukon % | Total % | |
---|---|---|---|---|
Coupable | 80 | 34 | 58 | 57 |
Non coupable | 3 | 10 | 7 | 7 |
Suspension/retrait | 14 | 20 | 29 | 22 |
Autre/non enregistré | 2 | 36 | 6 | 14 |
La moitié (51 %) des individus reconnus coupables d’infractions de violence familiale et reconnus coupables ont été condamnés à une peine d’incarcération, soit 68 % dans les T.N.-O., 50 % au Nunavut, et 44 % au Yukon. Là encore, les T.N.-O. présentent un faible taux de condamnation (34 %), mais un taux levé (68 %) d’incarcérations par rapport au nombre de condamnations.
Nunavut | T.N.-O. | Yukon | Total | |
---|---|---|---|---|
Incarcération | 50 % | 68 % | 44 % | 51 % |
Condamnation avec sursis | 21 % | 0 % | 17 % | 15 % |
Probation | 26 % | 19 % | 38 % | 30 % |
Autre | 3 % | 13 % | 2 % | 4 % |
Les tableaux 13 et 14 donnent des détails sur la durée des peines imposées pour des infractions de violence familiale. Comme l’indiquent les données, les peines médianes sont courtes (deux mois) et uniformes entre les territoires. Cependant, bien que la peine d’incarcération la plus longue soit à peu près la même au Nunavut (60 mois) et au Yukon (61 mois), elle était considérablement plus courte dans les T.N.-O. (16 mois).
Minimale - Nombre de mois | Maximale - Nombre de mois | Médiane - Nombre de mois | ||
---|---|---|---|---|
Nunavut | Incarcération | < 1 | 60 | 2 |
Probation | 6 | 24 | 12 | |
T.N.-O. | Incarcération | < 1 | 16 | 2 |
Probation | 6 | 24 | 12 | |
Yukon | Incarcération | < 1 | 61 | 2 |
Probation | 1 | 37 | 12 |
Territoire | Amende/dédommagement | ||
---|---|---|---|
Amende minimale | Amende maximale | Amende médiane | |
Nunavut | 50 $ | 1 000 $ | 200 $ |
T.N.-O. | 50 $ | 1 091 $ | 500 $ |
Yukon | 35 $ | 1673 $ | 50 $ |
3.4 Condamnation avec sursis pour les deux types d’infraction
Dix-huit pour cent (18 %) des individus condamnés pour agression sexuelle et 15 % des individus accusés d’une infraction de violence familiale ont reçu une condamnation avec sursis. Les condamnations avec sursis s’accompagnent d’une vaste gamme de conditions obligatoires; les délinquants sont généralement soumis à plus d’une condition. Pour presque toutes les condamnations avec sursis, on impose une condition de ne pas troubler l’ordre public et une condition de ne pas quitter le secteur de juridiction du tribunal. Ces condamnations peuvent également imposer une condition d’essayer de modifier le comportement particulier lié à l’infraction. Comme l’indique le tableau 15, les conditions les plus courantes imposées aux délinquants coupables des deux types d’infraction sont l’obligation de suivre des séances de counseling notamment en gestion de la colère ou de la toxicomanie, et de s’abstenir de toute substance intoxicante y compris d’alcool. La moitié environ devait se soumettre à une évaluation psychologique.
Agression sexuelle | Violence familiale | |
---|---|---|
Suivre des séances de counseling, comme la gestion de la colère ou de la dépendance | 73 % | 86 % |
S′abstenir absolument de toute substance intoxicante, y compris d′alcool. | 71 % | 75 % |
Ne pas s′approcher de la victime; n′avoir aucun contact avec elle | 61 % | 69 % |
Se soumettre à une évaluation; p.ex., évaluation psychologique | 46 % | 56 % |
Exécuter des travaux communautaires | 53 % | 37 % |
Suivre un traitement | 30 % | 49 % |
Ne jamais être seul avec des enfants | 21 % | 0 |
Ne pas posséder d′arme à feu | 0 % | 23 % |
Rencontrer le comité de justice communautaire | 11 % | 9 % |
Verser un dédommagement | 0 % | 11 % |
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