Guide de traitement des victimes d’actes criminels: Application de la recherche à lapratique clinique (deuxième édition)
6.0 Les problèmes d’évaluation : Que devrais-je demander?
6.1 Principaux points à discuter dans une entrevue initiale
L’une des principales fonctions d’un modèle de prestation de services consiste à déterminer les besoins du client et à établir le lien entre le client et les services. Compte tenu de la théorie et des recherches exposées ci dessus, les éléments suivants constituent des sujets essentiels à explorer au cours des premières rencontres avec un client. En recueillant ces renseignements il faut toutefois laisser à la victime l’occasion d’exprimer son point de vue (Robinson [2000]). En d’autres termes, il serait souhaitable que les intervenants tiennent compte des points suivants quand ils discutent avec les victimes, mais permettent aussi à celles-ci de raconter leur histoire en leurs propres mots. La liste qui suit n’est pas une liste de vérification, mais plutôt un guide permettant aux intervenants de se faire une opinion clinique éclairée.
Caractéristiques de la victime : antécédents
- Victimisation antérieure (violence physique ou affective ou agressions sexuelles durant l’enfance)
- Autre victimisation antérieure
- Antécédents psychiatriques personnels
- Antécédents psychiatriques familiaux
- Syndrome de stress post-traumatique antérieur et gravité
- Habiletés d’adaptation utilisées par le passé
Caractéristiques de la victime : actuellement
- Caractéristiques de la personnalité
- Caractéristiques démographiques
- Stratégies d’adaptation actuelles
- Consommation d’alcool ou de drogues
- Évaluation du risque de suicide, d’homicide et de représailles
- Évaluation de l’automutilation
- État mental actuel : troubles psychologiques, adaptation, points forts, etc.
- Présence de dissociation
- Situation initiale dans le modèle transthéorique de changement de comportement
- Perception qu’a la victime de ses besoins
Caractéristiques du crime
- Caractéristiques de l’acte criminel
- Gravité du crime
- Usage de menaces sérieuses
- Usage d’une arme
- Incident isolé ou victimisation chronique
- Contact entre la victime et l’auteur du crime
- Auteur du crime connu de la victime
- Réaction du système de soutien
- Réaction des spécialistes (victimisation secondaire)
- Réaction émotionnelle ou dissociative extrême à la suite de l’acte criminel
Forces et ressources (Hill [2008])
- Habiletés en matière d’adaptation positives utilisées par le passé
- Stratégies d’adaptation actuelles
- Identification des motivateurs
- Aperçu des défis à relever
- Liste des points forts de la victime
- Image de soi positive
- Principales aptitudes
- Aptitudes à résoudre les problèmes
- apacité de maîtriser ses émotions
- Capacité d’avoir des émotions positives
- Réseau de soutien ou situation de la victime
- Aptitudes à la communication
- Capacité cognitive
- Évaluation de l’autoefficacité et de la résilience
Un service uniforme pour tous ne peut pas donner de bons résultats. L’orientation des clients vers des services qui font partie d’un éventail plus grand sera toujours la solution la plus profitable pour eux. Les victimes qui éprouvent de la détresse et des symptômes de plus en plus aigus peuvent avoir besoin de services plus intensifs. Par conséquent, les victimes qui n’éprouvent pas une réaction grave ne doivent pas nécessairement se joindre à un groupe de soutien ou suivre une thérapie individuelle. Elles peuvent toutefois tirer profit de leur participation à des séances d’information ou de la lecture de documentation écrite. Il est important de savoir comment les victimes ont accès aux soutiens et utilisent leurs points forts pour les aiguiller vers les services. Les clients qui ont des réactions plus graves et moins de ressources peuvent avoir besoin d’une thérapie plus intensive ou même d’un traitement en milieu hospitalier.
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