« Créer un cadre de sagesse communautaire » : examen des services aux victimes dans les territoires du Nunavut, du Nord-Ouest et du Yukon

2.0 Nunavut (suite)

2.0 Nunavut (suite)

2.4 Examen des programmes dans d’autres collectivités autochtones éloignées (hors Nunavut) (suite)

2.4.5 Facteurs qui contribuent au succès des programmes

Les programmes décrits dans la présente section collaborent étroitement avec les refuges pour femmes battues, les travailleurs sociaux, les agents de probation et de libération conditionnelle, les programmes pour toxicomanes et d'autres fournisseurs de services. Ils sont également en liaison avec les fonctionnaires de la cour, la police, les travailleurs auprès des tribunaux, les Premières nations, les organismes métis et inuits, les centres d'amitié, les comités interorganismes et les comités de la justice communautaire.

Tous les programmes contactés sont situés dans les collectivités autochtones, métis et inuites éloignées et isolées. À cet égard, bon nombre font face aux mêmes défis que les fournisseurs de services aux victimes du Nunavut. Les répondants et les personnes qui ont contribué à la présente étude décrivent de façon plus détaillée les défis qu'ils doivent relever en matière de prestation des services à la section précédente. Toutefois, il est utile de présenter ici un résumé de leurs préoccupations tout en tenant compte des facteurs qui contribuent au succès des programmes. Voici le résumé de ces défis :

En général, les fournisseurs de services aux victimes dans les endroits éloignés hors Nunavut ne se sentent pas dépassés par ces défis, mais ils considèrent ceux-ci comme un « état de fait » sur le plan des conditions de travail. En fait, bon nombre des personnes interrogées voient d'un très bon œil les initiatives récentes visant à améliorer la situation des victimes de violence et les services auxquels elles ont accès. D'après ces consultations, à partir de trois catégories de base, il est possible de procéder à une analyse des « pratiques exemplaires » en matière de programmes de services aux victimes. Ces catégories sont les suivantes : l'approche du développement communautaire, des programmes supérieurs de rétablissement des victimes à court et à long terme et une loi progressiste.

L'approche du développement communautaire

Les programmes de services aux victimes qui sont basés sur une approche accessible, non fondée sur le jugement, du développement communautaire, semblent remporter le plus de succès lorsque celui-ci est mesuré en fonction de l'utilisation, de l'efficacité de la guérison et de la prévention et de l'acceptation et de la prise en charge collectives.

Cette approche, comme en témoignent les services aux victimes Rocky (Rocky Mountain House, Alberta), la Three Sisters Haven Society (Dease Lake, C. -B. ) et le Centre des femmes de Yellowknife (Yellowknife, T.N.-O.), confère à la collectivité la possibilité, les compétences et le courage nécessaires pour appuyer les victimes et rejeter la violence interpersonnelle comme norme sociale. Ces services ont certaines pratiques exemplaires en commun, notamment :

Plusieurs autres programmes, décrits plus haut, encouragent une approche des services aux victimes axée sur le développement communautaire, à savoir les Services aux victimes de Happy Valley - Goose Bay (Labrador) et le programme des bénévoles qui viennent en aide aux victimes de concert avec la GRC (Yukon). Ces programmes offrent une formation permanente aux membres de la collectivité dans les domaines de l'intervention d'urgence immédiate, des droits des victimes et de la préparation des victimes en vue de leur témoignage devant le tribunal. Ces bénévoles et « paraprofessionnels » font partie d'un réseau plus étendu de services aux victimes dans leur région qui les supervise, les forme et les appuie dans leur travail.

Même si les programmes communautaires du Labrador et du Yukon n'offrent pas la même gamme de services que ceux de Rocky Mountain House, Dease Lake et Yellowknife, on peut considérer qu'ils constituent des pratiques exemplaires sur le plan du développement communautaire parce qu'ils :

Des programmes supérieurs de rétablissement des victimes à court et à long terme

On peut observer d'excellents exemples de programmes de rétablissement des victimes à long terme dans le Programme de traitement Isuarsivik à Kuujjuaq (Québec) et le Programme de guérison et de rétablissement des femmes et des enfants du YWCA à Yellowknife (T.N.-O.).

Le Programme de traitement Isuarsivik a élaboré l'un des premiers programmes de traitement des toxicomanes inuits efficaces au Canada. Pour bien des victimes des régions isolées du Canada, le fait de mettre fin à leur toxicomanie contribue dans une large mesure à rompre le cycle de violence chronique dans leur vie. Les pratiques exemplaires de ce programme sont les suivantes :

Le Programme de guérison et de rétablissement des femmes et des enfants du YWCA est un autre exemple de l'excellence dans le traitement de longue durée des femmes et des enfants victimes de violence depuis longtemps. La force de ce programme est attribuable aux facteurs suivants :

En outre, bien qu'elles ne soient généralement pas considérées comme des « programmes de rétablissement des victimes », les récentes initiatives en matière de justice réparatrice dans certaines administrations peuvent contribuer dans une grande mesure au rétablissement des victimes de violence à court terme. Dans la présente étude, nous évoquons l'exemple des Services aux victimes régionaux Buffalo à Buffalo Narrows en Saskatchewan. Toutefois, bien des programmes de services aux victimes dans les régions autochtones éloignées du Canada et de l'Alaska estiment que les initiatives comme les forums sur la justice familiale et les cercles de détermination de la peine produisent des résultats très positifs pour les victimes lorsqu'elles sont planifiées et mises en œuvre avec soin.

Il importe cependant de noter que ces initiatives peuvent porter préjudice aux victimes, sauf si les conditions suivantes sont réunies[36] :

Selon les répondants de la présente étude, lorsque ces critères ou pratiques exemplaires sont satisfaits, les initiatives dans le domaine de la justice réparatrice peuvent avoir les résultats positifs suivants :

Une loi progressiste

Les exemples de l'Alaska et du Yukon font ressortir l'importance et la pertinence d'une loi progressiste et axée sur la victime. Les fournisseurs de services du Yukon interrogés dans le cadre de la présente étude ont indiqué que les femmes leur ont dit que la Loi sur la prévention de la violence familiale leur avait sauvé la vie et offert des choix dont elles ne disposaient pas sur le plan de la sécurité et du rétablissement. Le coordonnateur des services aux victimes de l'Alaska a déclaré que les collectivités et les victimes voyaient d'un très bon œil les divers systèmes d'information des victimes. La loi de l'Alaska qui garantit une aide financière immédiate aux victimes de crime présente des avantages évidents.

Une loi progressiste peut ne pas être considérée comme un « service direct ». Toutefois, sans celle-ci, les fournisseurs de services aux victimes et les victimes ont moins de choix et ils font face au risque beaucoup plus grand d'une revictimisation constante. L'analyse de l'expérience dans les provinces et territoires qui ont adopté leur propre loi sur la violence familiale montre que des facteurs connexes de la mise en œuvre d'une telle loi, c.-à-d. Les liens requis en matière d'infrastructure, la formation permanente de tout le personnel et l'éducation et l'information du public constituent la clé de l'utilisation efficace d'une telle loi[37].

Les initiatives législatives peuvent devenir des pratiques exemplaires, car :

En résumé, les pratiques exemplaires dans le domaine de la prestation de services aux victimes dépendent des facteurs suivants :