Toutes les voix comptent : les répercussions des problèmes juridiques graves chez les jeunes de 16 à 30 ans de la communauté noire

Résultats de l’étude

Les répondants étaient âgés de 16 à 30 ans. Soixante pour cent des répondants se sont identifiés comme étant des femmes. Tous les répondants se sont identifiés comme étant des Noirs et certains ont indiqué des identités plus précises telles que « Canadien noir / Afro-Canadien » ou « Jamaïcain ». Un peu moins de la moitié (44 %) des répondants fréquentaient un établissement d’enseignement, 17 % travaillaient à temps plein et un tiers (32 %) occupaient un emploi à temps partiel. Un petit nombre d’entre eux (6 %) s’occupaient d’enfants à temps plein et 12 % étaient à la recherche d’un emploi. Cinq répondants ont été mis à pied en raison de la pandémie de COVID.

Lorsqu’on leur a demandé d’indiquer le type et la fréquence des problèmes juridiques graves auxquels ils ont fait face, tous les participants aux groupes de discussion ont mentionné avoir eu au moins un problème juridique grave au cours des trois années précédentes.

Les types de problèmes juridiques les plus courants étaient les expériences de discrimination dans des lieux publics (48 %), les problèmes de logement (44 %), les interactions avec la police (40 %) et les problèmes liés à l’emploi (36 %). Aucun répondant n’a mentionné de problèmes juridiques liés à une succession, à la nécessité de prendre en charge les finances d’un être cher ou au fait d’être poursuivi ou de poursuivre quelqu’un devant un tribunal civil ou une cour des petites créances. Deux des trois personnes ayant déclaré avoir des enfants ont mentionné des problèmes liés à la garde ou à la pension alimentaire de leurs enfants.

L’étude a révélé des recoupements entre le statut d’immigrant et les répercussions des problèmes juridiques, notamment chez les personnes vivant de l’incertitude liée à l’immigration, qui ont indiqué avoir le sentiment de faire face à une instabilité accrue et à des conséquences plus graves. Le profilage racial pratiqué par la police et d'autres figures d’autorité, y compris des enseignants et des administrateurs scolaires, engendre une méfiance accrue à l’égard des mécanismes de résolution juridiques. L’expérience des processus judiciaires vécue par les participants pendant l'enfance, y compris les conflits entre propriétaire et locataires et les litiges matrimoniaux, s'est traduite par un plus grand isolement pour ces participants lorsqu’ils ont eu à régler leurs propres problèmes juridiques.

Les problèmes juridiques auxquels les répondants ont fait face ont eu des répercussions négatives sur leur santé, leurs finances, leur scolarité, leur confiance à l’égard des services gouvernementaux et leur sentiment général d’appartenance à la société.

Les répondants ont eu recours à différents mécanismes de résolution, selon leur propre situation et les types de problèmes juridiques qu’ils ont éprouvés. La plupart ont manifesté de la réticence ou de la méfiance à l’égard des services de soutien juridiques officiels, favorisant plutôt les services de soutien communautaires. De nombreux répondants ont réglé leur problème juridique sans le moindre soutien, et ont indiqué avoir ressenti de la peur et de l’incertitude et s’être sentis isolés.

Les expériences que les participants aux groupes de discussion ont relatées variaient en gravité et en complexité selon le domaine du droit dont elles relevaient. En dépit de ces variations, tous les participants envisageaient leurs problèmes juridiques sous l’angle combiné de la race et de la situation sociale. Ils ont décrit leurs expériences des systèmes et des institutions, ainsi que les avenues qui s’offraient à eux en matière de résolution, comme étant intiment liées aux problèmes de racisme auxquels ils se sont heurtés dans leur vie. L’identité raciale n’était pas seulement un facteur dans les cas flagrants de discrimination ou de traitement raciste, elle intervenait également dans leurs expériences en matière de problèmes juridiques en matière civile et pénale. Ils percevaient la race, le privilège social et les possibilités économiques comme étant intimement liés d’une part à la façon dont ils abordaient les questions juridiques et, d’autre part, aux raisons pour lesquelles ils se sont heurtés à des problèmes juridiques.

La présente étude de recherche qualitative visait à examiner les répercussions des problèmes juridiques graves chez les jeunes de 16 à 30 ans des communautés noires de Toronto et d’Ottawa. L’étude, qui est l’une des 13 études entreprises par différentes équipes de recherche au pays, dresse un portrait plus détaillé des expériences véues par les membres de ce sous ensemble de la société canadienne. Ces 13 études visent à compléter les données nationales recueillies dans le cadre de l’Enquête canadienne sur les problèmes juridiques (ECPJ) de 2021. L’ECPJ de 2021 a été réalisée par Statistique Canada pour le compte du ministère de la Justice du Canada et de plusieurs autres ministères fédéraux.

La méthodologie de la présente étude qualitative est fondée sur une compréhension intersectionnelle de l’expérience des gens en matière de conflits juridiques, de services publics et d’environnements de recherche. Nous avons eu recours à des discussions de groupe lors desquelles les participants ont été invités à discuter de leurs expériences dans le cadre d’une approche narrative alimentée par des exemples inspirés de divers scénarios. La méthodologie tient également compte de l’âge des participants et de la diversité de leurs expériences auprès des autorités et des institutions. Les groupes de discussion ont été structurés de façon à faciliter le témoignage des participants, tout en tenant compte du fait que ces derniers avaient une compréhension variable et évolutive des répercussions juridiques des problèmes rencontrés dans leur vie. En plus d’avoir été en mesure de faire part de leurs expériences en matière de problèmes juridiques graves, les participants ont eu l’occasion de prendre part à une séance de renforcement des capacités qui visait à leur permettre d'acquérir une meilleure connaissance de leurs options juridiques afin qu’ils soient mieux outillés dans l’éventualité où ils se buteraient à nouveau à des problèmes juridiques.