Problèmes graves rencontrés par les personnes handicapées au Canada atlantique
Sommaire
Ce rapport de recherche examine les problèmes juridiques ainsi que d’autres problèmes graves qui ont été cernés par 28 participants qui vivent avec un handicap au Canada atlantique, en mettant l’accent sur le Nouveau-Brunswick. Réseau du personnel de direction des personnes handicapées (RPDPH) du Nouveau Brunswick a aidé à recruter les participants à la recherche. On a demandé aux personnes handicapées ayant participé à la recherche une série de questions liées aux types de problèmes juridiques ou à d’autres problèmes graves qu’ils pourraient avoir rencontrés au cours des trois dernières années. On leur a demandé d’indiquer les mesures qu’ils ont prises pour tenter de résoudre les problèmes qu’ils ont rencontrés et de décrire les résultats de ces efforts. De plus, on a demandé aux participants de préciser les répercussions que ces problèmes ont eues sur leur vie, ainsi que celles des efforts qu’ils ont déployés pour les résoudre.
L’écrasante majorité de répondants, qui avaient différents handicaps, ont indiqué que la mauvaise accessibilité de l’environnement bâti privé ou public – le paysage créé par l’homme, y compris les immeubles, les maisons, les rues, les parcs et les espaces publics – constitue le problème le plus grave qu’ils ont rencontré. Ils ont mentionné les répercussions des infrastructures municipales qui tombent en ruine; de la faible adhérence aux principes de conception universelle; des immeubles inaccessibles; ainsi que des options de transport limitées. Ce thème transversal courant a gardé les répondants isolés et a empêché bon nombre de personnes handicapées d’accéder aux services dont ils ont besoin, comme les services gouvernementaux, les rendez-vous médicaux, les activités récréatives, et les options de transport pratiques.
En ce qui concerne les autres problèmes clés rencontrés, on pourrait les classer sous les thèmes suivants :
- l’accès aux services de soins de santé;
- la demande et l’obtention de mesures d’adaptation auprès des employeurs et des autorités publiques;
- l’achat et la conservation de logements sécuritaires et abordables;
- le fait d’être souvent victime de capacitisme, qui est un comportement discriminatoire et dégradant; et
- le fait de subir les répercussions négatives de la pauvreté.
Parmi les divers problèmes cernés, mentionnons les problèmes liés à la garde d’enfants; le fait de composer avec des organismes de crédit à la consommation et des agences de recouvrement; et l’élimination des obstacles que pose un casier judiciaire.
Les efforts visant à résoudre les problèmes juridiques, ou d’autres problèmes graves, variaient considérablement, allant de plaintes officieuses adressées à des propriétaires, au gouvernement ainsi qu’à d’autres autorités, jusqu’à une campagne organisée comprenant l’utilisation de médias sociaux, électroniques et imprimés. Les mécanismes d’appel officiels ont été peu utilisés. Seulement 8 % des répondants ont utilisé les tribunaux ou ont entamé des processus d’appel au sein des programmes ou des organismes gouvernementaux. Par ailleurs, des procédures judiciaires ont été intentées par quelques répondants en ce qui a trait à la garde d’enfants et à des demandes de règlement. La plupart des répondants n’avaient pas les moyens de payer le coût des procédures.
Il était évident que les répondants qui cherchaient à résoudre leur problème grave ont jugé que leur expérience a été aussi frustrante et confuse que les problèmes eux-mêmes. Il n’était pas toujours évident de connaître la direction dans laquelle une personne devait se diriger ou les options qui étaient accessibles pour déposer une plainte ou demander de l’aide en vue de rectifier une situation. Les personnes qui possédaient des compétences pour défendre leurs droits ou celles qui étaient accompagnées d’une tierce personne de soutien réussissaient davantage à résoudre leurs problèmes. Bon nombre de plaintes des répondants ont fait l’objet d’un traitement discriminatoire et méprisant, surtout lorsqu’il était question de composer avec le système médical et des soins de santé.
Les répercussions liées à la tentative de résoudre les problèmes ont eu des conséquences graves pour la santé psychosociale et physique des personnes, que l’on désigne souvent par l’expression « sentiments d’épuisement émotionnel ». Cela était particulièrement évident dans la quête des répondants visant à obtenir des logements sécuritaires et abordables. De plus, les répondants ont parlé des répercussions négatives sur leurs finances personnelles et familiales lorsqu’ils ont tenté de résoudre leurs problèmes. Pour bon nombre de participants, les problèmes graves et les tentatives de règlement ont entraîné des relations tendues avec leur famille et leurs amis, ainsi qu’une incapacité à participer pleinement à la vie communautaire. Toutefois, quelques répondants ont signalé des sentiments d’autonomisation positifs qui ont accompagné les solides efforts de plaidoyer et d’activisme social.
La pandémie de COVID-19 a créé des défis et des fardeaux supplémentaires pour les personnes handicapées qui ont participé à la présente étude. Même si des soutiens financiers fédéraux ont été accordés pour remplacer ou augmenter le revenu d’emploi diminué, bon nombre de personnes handicapées ont mentionné qu’elles n’ont pas réussi à répondre au critère d’admissibilité exigeant un seuil minimum de revenu gagné au cours de l’année précédente. Les coûts liés au respect des protocoles stricts de santé publique ont augmenté, tandis que les soutiens du revenu pour les personnes handicapées ont stagné. Les mesures d’adaptation ont été affaiblies en raison des protocoles stricts de santé publique. La réduction des soutiens à domicile au cours des périodes prolongées d’isolement a influé sur la santé physique et mentale des personnes. Enfin, les répondants ont indiqué qu’à une époque où ils ont besoin de plus d’aide pour assurer leur sécurité et surmonter leur isolement, moins de ressources sont disponibles.
Les résultats de la présente étude ont souligné plusieurs mesures qui, si elles sont adoptées, pourraient réduire les problèmes graves que rencontrent les personnes handicapées et améliorer leurs chances de les résoudre :
- Réforme législative
- Ottawa, ainsi que trois autres provinces (la Nouvelle-Écosse étant la seule province de l’Atlantique), ont adopté des lois qui se concentrent expressément sur les droits des personnes handicapées. L’objectif de ces lois est de déterminer et d’éliminer les obstacles en établissant un ensemble de normes que doivent respecter les organismes privés, publics et à but non lucratif. Étant donné que l’inaccessibilité de l’environnement bâti a souvent été soulevée comme étant un problème grave qui entrave le droit des personnes handicapées de participer pleinement et également à leur communauté, les autres provinces de l’Atlantique devraient adopter des lois semblables.
- Renseignements accessibles et compétences accrues en matière d’autoreprésentation
- Les participants à la recherche ont cerné bon nombre de difficultés lorsqu’ils utilisent les systèmes actuels et qu’ils appliquent les protections et les droits existants. Il est nécessaire d’obtenir de meilleurs renseignements sur les services offerts. En rapport avec ce point, les personnes handicapées doivent avoir plus d’occasions de développer des compétences en matière d’autoreprésentation.
- Formation anti-capacitisme
- Le traitement discriminatoire et méprisant cerné par les participants à la recherche appuie la nécessité de suivre une formation sur le capacitisme, surtout dans le secteur médical et des soins de santé.
- Une approche fondée sur les droits pour les mesures de soutien aux personnes handicapées
- Bon nombre de problèmes cernés par les participants proviennent de soutiens et de revenus inadéquats. Afin de réduire la pauvreté systémique que vivent les personnes handicapées, il est essentiel d’adopter une approche fondée sur les droits en ce qui a trait aux invalidités. Si les personnes handicapées doivent prendre toute la place qui leur revient au sein de la société canadienne, le gouvernement devra faire preuve de leadership afin de créer un cadre national pour une approche fondée sur les droits en ce qui a trait aux invalidités ainsi qu’aux mesures de soutien aux personnes handicapées.
Cette enquête qualitative a souligné le fait que les personnes handicapées sont prêtes à obtenir les compétences, à recevoir l’éducation et à trouver l’emploi dont elles ont besoin pour les sortir de la pauvreté et participer plus pleinement à la société. Les lois, les réformes politiques et les soutiens individualisés sont nécessaires pour permettre aux personnes handicapées de réaliser ces objectifs.
- Date de modification :