Les programmes de participation et de soutien à l'intention des enfants dont les parents se séparent ou divorcent
6. CONCLUSION
Malgré l'intérêt grandissant pour les programmes qui tiennent compte des besoins, des désirs et des préoccupations des enfants dont les parents se séparent ou divorcent, il existe peu de programmes et de services qui visent spécifiquement les enfants au Canada et dans d'autres pays de langue anglaise. Les entrevues effectuées auprès de fournisseurs de programmes et de fonctionnaires des tribunaux révèlent que ces derniers appuient fortement les programmes qui aident les enfants à s'adapter à la séparation de leurs parents et aux importants changements que cela entraîne. Ils disent que les parents aussi réclament fortement ces programmes et qu'il existe trop peu de ressources et de services pour répondre à la demande actuelle.
La recherche indique que la période pendant laquelle la famille se désintègre est la plus stressante pour les enfants, mais que ce stress aigu s'atténue presque toujours rapidement. En outre, la plupart des enfants qui vivent la séparation et le divorce de leurs parents atteignent l' âge adulte sans séquelles connues sur le plan psychosocial. Dans l'ensemble, la recherche n'indique pas que la réaction des enfants à la séparation de leurs parents ou leurs réactions par la suite sont des facteurs importants en ce qui concerne leur adaptation à long terme.
Néanmoins, les chercheurs ont identifié des « t âches d'adaptation » que tous les enfants doivent accomplir afin de bien s'adapter à la séparation ou au divorce de leurs parents. Les enfants qui sont incapables de réaliser ces t âches ne s'adapteront probablement pas à long terme. La recherche montre également que les parents, qui ont eux‑mêmes beaucoup de difficulté à s'adapter à l'éclatement de la famille, ne sont pas toujours capables d'aider leur enfant à accomplir ces t âches pendant la période de séparation et qu'ils peuvent même en entraver la réalisation. La plupart des programmes pour enfants qui ont pour objet de favoriser leur adaptation sont structurés de manière à aider les enfants à effectuer ces t âches.
Il existe peu de recherche sur l'efficacité des programmes existants et elle ne révèle qu'une faible influence directe sur l'adaptation des enfants. Toutefois, certains experts défendent ces programmes au motif que la stratégie qui consiste à tenir compte des réactions des enfants à la séparation et au divorce peut être efficace, puisqu'il est beaucoup plus difficile d'influer sur les attitudes et les comportements des parents. De plus, même de petits changements dans les réactions de l'enfant peuvent faciliter l'adaptation des parents, adaptation qui, selon la recherche, est très importante pour ce qui touche l'adaptation à long terme de l'enfant.
Les praticiens et les chercheurs hésitent davantage au sujet de la participation des enfants dans les décisions en matière de garde et de droit de visite. Les médiateurs rattachés aux tribunaux canadiens font rarement participer les enfants, surtout les plus jeunes, au processus de médiation; d'autres mécanismes qui permettent aux enfants de s'exprimer, notamment les évaluations en matière de garde, ne sont utilisés que dans une minorité de litiges familiaux devant les tribunaux. Une situation semblable semble exister dans la plupart des autres pays.
Toutefois, les tribunaux de certaines provinces commencent à examiner les divers moyens de faire participer davantage les enfants aux décisions en matière de garde et de droit de visite. En outre, certaines provinces ont élaboré des programmes pour permettre aux enfants visés par certaines instances ou certains conflits de disposer d'un moyen sécuritaire de se faire entendre dans le cadre du processus décisionnel.
Les praticiens et les chercheurs qui s'opposent à la participation des enfants invoquent souvent le fait que cela leur nuit. En effet, l'enfant pourrait se sentir responsable des décisions à prendre ou être exposé à la colère, à la vengeance et à la manipulation de ses parents ou à une situation encore plus conflictuelle. Dans certains cas, les spécialistes s'y opposent parce que ces décisions relèvent de la responsabilité parentale.
Assez peu de praticiens et de chercheurs semblent vouloir que les jeunes enfants participent directement aux processus par exemple, en les assoyant à la table de médiation avec leurs parents. Ils veulent, pour la plupart, une participation indirecte, par exemple, quand l'enfant rencontre le médiateur séparément, ou quand le médiateur rencontre les parents, l'enfant et le conseiller après que l'enfant a participé à un programme de soutien pour enfants. Les experts qui souhaitent la participation des enfants disent également qu'il faut aussi tenir compte d'autres facteurs dans l'évaluation des préoccupations et des désirs des enfants puisqu'il est possible que ces désirs et préoccupations ne soient pas toujours authentiques.
Le peu de recherche qui existe sur la participation des enfants au processus de médiation en matière de garde et de droit de visite révèle que la participation indirecte pourrait, de fa çon générale, ne pas leur nuire et même être conforme à leur intérêt.
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