« Créer un cadre de sagesse communautaire » : examen des services aux victimes dans les territoires du Nunavut, du Nord-Ouest et du Yukon

4.0 Territoire du Yukon (suite)

4.0 Territoire du Yukon (suite)

4.5 Résumé des besoins et recommandations

4.5.1 Résumé des besoins

Comme il a été mentionné tout au long de la présente étude, la plupart des répondants croyaient que le Yukon, comparativement aux autres régions du Canada et plus particulièrement aux autres régions du Nord, dispose d'un continuum bien développé de services professionnels pour les victimes de violence. Ils ont souligné la variété croissante de services spécialisés pour les victimes et le volume élevé de travail accompli par l'ensemble des organismes de services aux victimes. Certains répondants croient voir les résultats de ces efforts dans une plus grande sobriété, une sensibilisation accrue de la collectivité et une plus grande participation aux activités de guérison. Bien qu'il n'existe pas de moyens permettant de le prouver hors de tout doute, il est possible que la baisse du nombre de cas signalés de violence familiale, d'agressions sexuelles et de violence envers les enfants soit le résultat de ces services et de ces interventions.

Cependant, tous les répondants considèrent qu'il existe encore des lacunes, des obstacles et des besoins en matière de prestation de services aux personnes, aux victimes de violence, aux familles et aux collectivités. Ces défis, signalés par les répondants, et un résumé des conditions sociales générales relatives à la victimisation, sont les suivants :

4.5.2 Résumé des recommandations présentées par les fournisseurs de services

Les répondants ont formulé une grande variété de recommandations pendant les entrevues. Ces recommandations sont résumées ci-dessous sous les rubriques suivantes : sensibilisation du public, ressources en matière de programmes, ressources communautaires, système judiciaire et application de la loi et législation.

Sensibilisation du public
Ressources en matière de programmes : formation
Ressources en matière de programmes : capacité
Ressources en matière de programmes : soutien pratique
Ressources en matière de programmes : nouveaux programmes
Ressources en matière de programmes : ressources communautaires
Système judiciaire et application de la loi
Législation

4.5.3 Recommandations supplémentaires et commentaires

Les recommandations ci-dessus sont suffisamment explicites, mais elles ne seraient pas complètes sans référence et explications supplémentaires sur d'autres questions clés.

Rétablir les ponts

Comme il a été mentionné tout au long de la présente étude, il y a un nombre relativement important de services complets universellement accessibles aux victimes de violence au Yukon, surtout comparativement aux autres territoires du Nord. Selon les répondants et les observateurs, ces services assoient leur travail sur une fondation de plus en plus solide de renseignements à jour sur les traumatismes, la victimisation et le rétablissement. Malgré les recommandations susmentionnées, ils offrent une gamme d'interventions bien planifiées à la plupart des secteurs de la société.

Toutefois, selon la plupart des répondants, il semble que les fournisseurs de services des Premières nations et les fournisseurs de services publics travaillent en grande partie indépendamment les uns des autres. En outre, certains fournisseurs de services des Premières nations ont dit qu'à l'instar de leurs clients, ils ressentent une certaine méfiance et même un abandon sur le plan des services publics et des organismes communautaires. Ils ne sont pas convaincus que ces organismes et services les comprennent ou qu'ils ont leurs intérêts bien compris à cœur. D'autre part, les répondants qui travaillent au sein des programmes gouvernementaux et des organismes publics étaient préoccupés par les difficultés qu'ils ont rencontrées lorsqu'il s'agissait de travailler en étroite collaboration avec les programmes des Premières nations.

Étant donné que les membres des Premières nations sont surreprésentés à titre de clients dans bon nombre de programmes gouvernementaux et d'organismes communautaires, et que la plupart des ressources financières du territoire au titre de la victimisation sont affectées aux fournisseurs de services gouvernementaux et aux organismes communautaires, il semblerait qu'il faille rétablir les ponts entre les fournisseurs de services et les clients des Premières nations, et les fournisseurs de services gouvernementaux et des organismes.

Services communautaires

Les services communautaires sont un autre domaine qu'il faut peut-être aborder et souligner séparément. La plupart des répondants ont soulevé cette question, dont un grand nombre offrent des services communautaires et des programmes de sensibilisation. Toutefois, comme 74 % de la population vit dans une ville, Whitehorse, il est compréhensible que les services y soient concentrés. D'autre part, il est impossible de ne pas tenir compte du sentiment d'isolement et de la frustration engendrés par les ressources communautaires limitées, dont ont fait état les fournisseurs de services des petites villes. Ils ont mentionné le manque de programmes de rétablissement des victimes, les refuges pour femmes battues, les programmes pour délinquants, les programmes d'assistance postpénale, les programmes d'intervention immédiate, les programmes pour les jeunes et les services aux personnes âgées et aux autres personnes ayant des besoins particuliers dans leurs collectivités. Ils ont également indiqué qu'ils se sentaient isolés des autres fournisseurs de services lorsqu'ils cherchaient à faire face seuls aux normes sociales communautaires dysfonctionnelles et bien ancrées sur la violence interpersonnelle.

La solution idéale serait la prestation dans chaque collectivité des programmes susmentionnés. Toutefois, jusqu'à ce que plus de services soient offerts dans chaque collectivité, il y a quelques mesures qu'on pourrait prendre pour réduire l'isolement et combler les lacunes en matière de programmes et de soutien[150].

Ressources communautaires accrues pour les victimes

Soutien des fournisseurs de services communautaires

Services à l'intention des victimes souffrant d'une déficience cognitive

Une particularité est ressortie des entrevues réalisées avec les fournisseurs de services du Yukon : le nombre apparemment élevé de victimes de crime souffrant d'une déficience cognitive. Certaines de ces personnes sont régulièrement victimes de violence. Par exemple, la Section de la prévention de la violence familiale, ministère de la Justice du Yukon, Services aux victimes, estime que de 60 % à 75 % des personnes auxquelles elle vient en aide souffrent jusqu'à un certain point d'une déficience cognitive résultant d'un traumatisme ou du syndrome d'alcoolisation fœtale. De plus, la toxicomanie constitue un problème dans 75 % de ces cas.

Les fournisseurs de services cherchent à faire face à cette situation dans le cadre de leurs programmes existants. De plus, des organismes comme la Fetal Alcohol Syndrome Society of Yukon élaborent des programmes qui visent ce segment de la population victime de violence.

Comme il ne semble pas y avoir beaucoup de renseignements officiels sur le nombre de ces personnes ou leur situation, la recommandation serait de procéder à une étude officielle portant sur les aspects suivants :

La question de la déficience cognitive chez les victimes et les délinquants est un domaine de préoccupation relativement récent au sein des systèmes d'intervention, de traitement des toxicomanes, judiciaire, correctionnel et de la police. Les groupes ayant le plus d'expérience dans ce domaine, à ce stade précoce de sensibilisation du public, sont les fournisseurs de services de première ligne qui vivent et travaillent tous les jours avec des personnes souffrant d'une déficience cognitive. Ces groupes comprennent les associations de parents d'accueil, le personnel des foyers de groupe, le personnel du traitement en établissement, les organismes qui s'occupent de déficience cognitive, les enseignants ainsi que la famille et les amis des personnes souffrant d'une déficience cognitive. Il conviendrait que ces fournisseurs de services plus expérimentés et les membres des familles offrent une formation, un soutien et des renseignements aux ministères et organismes qui font face à un grand nombre de victimes de violence souffrant d'une déficience cognitive.

En dernière analyse, il se peut que les programmes actuels et futurs conçus pour aider les victimes doivent apporter des modifications importantes à leur approche en matière d'intervention et de traitement en tenant compte de la possibilité d'une déficience cognitive (ainsi que de la culture, des symptômes traumatiques et de bien d'autres facteurs mentionnés tout au long de la présente étude). De plus, il est probable que les victimes de violence ayant subi des dommages permanents au cerveau auront besoin de services spécialisés de longue durée qui débordent le cadre des services officiels existants et des réseaux de soutien officieux. Pour soutenir ces personnes, il faudra déployer de multiples efforts à l'échelle de la collectivité.