Partie V : Conclusion
Que la justice réparatrice concerne l’échange de vidéos entre le délinquant et la victime, l’envoi d’une lettre d’excuses par le délinquant, d’une médiation, d’une rencontre en personne ou de conférences communautaires et/ou familiales, il est clair que les victimes tirent [Traduction] « beaucoup de réconfort de la possibilité de poser leurs questions et qu’elles soient répondues dans le cadre d’un dialogue, ainsi que d’avoir l’occasion de décrire pleinement les conséquences à court et à long terme du crime » (Miller, 2011, p. 172).
Ces évaluations encourageantes et positives des programmes de justice réparatrice soulignent à quel point les problèmes peuvent être profondément ancrés dans le système de justice pénale conventionnel. Lorsqu’il y a une préférence exprimée pour une approche de rechange, elle jette une ombre sur l’approche dominante. Au minimum, les décideurs devraient commencer à envisager de transférer le plus grand nombre de cas possible du système conventionnel vers un système de rechange pour deux raisons : a) accroître la satisfaction des victimes; et b) réduire les charges de travail toujours croissante au sein d’un système de justice pénale lourd et lent.
Peut‑être après quatre décennies de réforme du droit visant à appuyer et à aider les victimes, nous pourrions croire que nous avons atteint la fin du cheminement et que nous avons découvert tout ce que nous devons savoir à l’égard des victimes et de leurs droits. Il reste encore beaucoup à étudier et une partie de cette étude porte sur des questions rudimentaires comme les besoins particuliers des victimes d’actes criminels et la façon dont ces besoins peuvent différer en fonction des crimes. Après avoir été réduit au silence pendant la grande partie du 20e siècle, il faudra peut‑être plusieurs décennies avant de comprendre la façon dont la victime peut être intégrée de manière efficace et équitable dans notre système de justice pénale.
Au‑delà de la nécessité d’examiner les besoins, les demandes et les droits des victimes d’actes criminels de manière théorique et empirique, le problème de la neutralisation professionnelle doit être réglé si nous souhaitons que la diminution des droits des victimes ne soit pas aussi spectaculaire et rapide que son augmentation. Même si le problème de réticence de la part des professionnels n’a pas été étudié de manière aussi approfondie au cours des deux dernières décennies, il est clair que la mise en œuvre pratique des droits des victimes n’a jamais été à la hauteur de la rhétorique politique. Il serait facile d’attribuer certaines des lacunes pratiques aux contraintes budgétaires, mais cette explication n’a aucun poids en ce qui concerne les droits au bien‑être. En ce qui concerne le droit de participer au processus, un manque de financement n’a aucune incidence sur ce droit et, à l’avenir, la question importante qui doit être posée et étudiée consiste à savoir si les professionnels du droit adoptent et acceptent réellement une telle participation ou si la culture juridique considère toujours la victime comme un intrus qui devrait simplement laisser les professionnels faire leur travail difficile afin de tenter d’obtenir justice.
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