Document d’information législatif : Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et d’autres lois et apportant des modifications corrélatives à certaines lois, tel qu’elle a été édictée (projet de loi C-75 lors de la 42e législature)

Annexe A : Statistiques et recherches

Recherche sur l’opinion publique

Dans le cadre du Sondage national de la justice (SNJ), Justice Canada commande périodiquement la réalisation d’enquêtes nationales pour connaître le point de vue, la compréhension et les priorités des Canadiens au sujet des questions liées à la justice. Les enquêtes de 2016 et 2017 visaient à obtenir des renseignements à l’appui de l’examen du système de justice pénale en cours, notamment sur les perceptions des valeurs liées au système de justice pénale et les attentes vis-à-vis de celui-ciNote de bas de page 108,Note de bas de page 109.

Voici les résultats des deux enquêtes.

De nombreux répondants estiment que la gestion des comportements criminels sans faire appel aux tribunaux pourrait avoir une incidence positive sur le système de justice pénale, mais dans les cas où les crimes étaient plus gravesNote de bas de page 110.

Les répondants appuient fortement le recours à un pouvoir discrétionnaire dans la détermination de la peine et jugent qu’il était important de tenir compte des circonstances personnelles, des circonstances entourant l’infraction, ainsi que de la situation familiale lors de la détermination de la peineNote de bas de page 111.

Les répondants appuient le recours aux mesures restrictives et aux mesures communautaires et la réduction de l’incarcération. De nombreux répondants estiment que les mesures communautaires pourraient avoir une incidence positive sur le système de justice pénale et la réduction de la criminalitéNote de bas de page 113.

De nombreux répondants estiment que le recours accru aux solutions de rechange dans la collectivité pourrait permettre de réduire la surreprésentation des délinquants autochtones et des personnes souffrant de problème de santé mentale et de problèmes de fonctionnement cognitifNote de bas de page 115.

Les répondants reconnaissent l’existence d’un problème relativement à la façon de traiter les manquements aux conditions et l’inobservation des ordonnances dans le système de justice pénale (p.ex. les infractions contre l’administration de la justice (ICAJ). De nombreux répondants estiment qu’il faut intervenir lorsque les conditions ne sont pas respectées, mais qu’une accusation criminelle pour non-respect des conditions n’est pas l’intervention à privilégier. Les répondants ont exprimé des préoccupations vis-à-vis des conditions qui pourraient constituer des obstacles à la capacité des accusés ou des délinquants de fonctionner dans la collectivité, et ont souligné qu’il est nécessaire de mettre en place des mesures de soutien pour permettre de respecter les conditions imposéesNote de bas de page 116.

Mise en liberté provisoire

Bien que le nombre de données sur les mises en liberté provisoire à l’échelle nationale soit limité, une publication récente de Justice Canada présente certaines conclusions et tendances importantes concernant les cautionsNote de bas de page 117 :

Violence envers un partenaire intime

Des données récentes font état de la prévalence de la violence envers un partenaire intime au Canada et indiquent que la très grande majorité des victimes sont des femmesNote de bas de page 126 :

Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents (LSJPA)

La LSJPA, qui est entrée en vigueur en 2003, a permis de réduire l’utilisation abusive du système judiciaire officiel et la détention des jeunes (réduction de 65 % de la détention des adolescents). La LSJPA permet le recours à d’autres solutions que la mise en accusation pour les infractions moins graves (comme les ICAJ), obligeant notamment les agents de police à envisager d’autres options que l’accusation ou à prendre des « mesures extrajudiciaires » avant de porter des accusations contre un adolescent. La Loi vise à réduire le recours abusif à l’emprisonnement en réservant les peines d’emprisonnement aux délinquants violents et aux récidivistes dangereux. La LSJPA met l’accent sur l’importance d’une intervention rapide auprès des jeunes puisque la perception que les jeunes ont du temps diffère de celle des adultes et que la capacité d’un jeune à faire le lien entre le comportement et ses conséquences s’atténue au fur et à mesure du déroulement des procédures.

Malgré l’orientation claire de la LSJPA, les cas où l’ICAJ constitue l’infraction la plus grave sont traités dans une mesure disproportionnée au moyen d’accusations policières, de poursuites et de peines d’emprisonnement. Les ICAJ contribuent à la surreprésentation des jeunes vulnérables, plus particulièrement les jeunes Autochtones, dans le système judiciaire. Les modifications à la LSJPA visent à renforcer les aspects de la LSJPA actuelle, ce qui fera en sorte que les ICAJ sont moins fréquents, que le recours à des mesures extrajudiciaires ou au processus de contrôle judiciaire dans ces dossiers sera accru et qu’elles seront moins susceptibles de donner lieu à des peines d’emprisonnement.

Les participants à la Table ronde sur la surreprésentation des jeunes autochtones de Justice Canada, qui s’est tenue en mars 2017, ont souligné que la question des ICAJ doit être réglée en priorité, faisant observer que : trop de conditions sont imposées aux jeunes et n’ont souvent aucun lien avec le comportement fautif de ceux-ci, les jeunes doivent être mieux appuyés afin de pouvoir respecter les conditions imposées; les options autres que les accusations, comme les mesures extrajudiciaires ou la révision des peines, seraient, dans la plupart des cas, des solutions plus appropriées aux manquements aux conditions; et la loi devrait limiter davantage le pouvoir discrétionnaire d’imposer une peine d’emprisonnement relativement à une ICAJ. Certains participants ont remis en question l’utilité de l’infraction de manquement sur le plan social et ont exprimé leur appui à l’égard de la non-criminalisation des manquements.

Les modifications à la LSJPA permettent aussi d’éliminer un fardeau inutile imposé aux tribunaux et d’autres pratiques non efficientes en abrogeant les dispositions de la LSJPA concernant les audiences obligatoires, en levant l’interdiction de publication visant les jeunes qui ont commis des crimes violents et en laissant tomber les obligations du procureur de la Couronne lorsqu’une peine pour adulte n’est pas demandée.

Enquêtes préliminaires

Les publications récentesNote de bas de page 128,Note de bas de page 129,Note de bas de page 130 indiquent ce qui suit :

Dans le cadre d’un sondage électronique en avril 2017 sur les enquêtes préliminaires menées par Justice Canada, des données ont été recueillies auprès de 1 969 procureurs de la Couronne, juges, policiers, avocats de la défense, avocats de l’aide juridique et intervenants auprès des victimesNote de bas de page 131. Voici certains des principaux résultats :