Les dispositions de non-dérogation


Maintenir les droits garantis par l’article 35 au moyen d’une disposition de non-dérogation dans la Loi d’interprétation fédérale

Le gouvernement du Canada est déterminé à établir, avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis, des relations renouvelées de nation à nation, de gouvernement à gouvernement et entre les Inuits et la Couronne qui sont fondées sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat.

Dans le cadre de cet engagement, le 8 juin 2023, le gouvernement du Canada a présenté le projet de loi S-13 qui modifierait la Loi d’interprétation fédérale afin d’y inclure une disposition de non-dérogation visant à maintenir les droits ancestraux ou issus de traités protégés par l’article 35.

La proposition d’ajout d’une disposition de non-dérogation dans la Loi d’interprétation est conforme à l’engagement du gouvernement du Canada envers la réconciliation de même que le respect et le maintien des droits des peuples autochtones ainsi que le renforcement des relations de nation à nation, entre les Inuits et la Couronne, et de gouvernement à gouvernement. Cette initiative législative s’inspire également des principes de réconciliation et contribuera à la mise en œuvre de la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Une disposition de non-dérogation est un énoncé figurant dans une loi (ou un autre texte législatif) pour indiquer que celle-ci doit être interprétée de manière à maintenir, et non à atténuer, d’autres droits protégés par la Constitution, dans ce cas-ci les droits des Premières Nations, des Inuits et des Métis reconnus et confirmés par l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982.

La Loi d’interprétation fédérale est une loi technique qui fournit une norme uniforme pour l’interprétation de toutes les lois fédérales.

L’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 confirme les droits ancestraux ou issus de traités des peuples autochtones du Canada. Les droits ancestraux (aussi appelés droits autochtones) sont un ensemble de droits communs que détiennent les Premières Nations, les Inuits et les Métis en tant que peuples originels du Canada. Les droits issus de traités sont des droits prévus dans des traités historiques ou modernes. Les traités définissent les droits, les obligations et les avantages particuliers des signataires, lesquels varient d’un traité à un autre.

Sur cette page

Contexte

Les Premières Nations, les Inuits et les Métis demandent depuis longtemps un projet de loi énonçant que l’ensemble des lois et règlements fédéraux doivent être interprétés de manière à maintenir, et non à atténuer, les droits ancestraux ou issus de traités protégés par l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982. Nombreux sont ceux qui ont expressément demandé l’inclusion d’une disposition de non-dérogation dans la Loi d’interprétation fédérale.

En 2007, après un examen des dispositions de non-dérogation visant l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 figurant dans des lois fédérales, le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles (Comité sénatorial) a rédigé un rapport intitulé « Prendre au sérieux les droits confirmés à l’article 35 : Dispositions de non-dérogation visant les droits ancestraux et issus de traités ». Parmi les mesures visant à faire progresser la mise en œuvre à court et à moyen terme des droits visés à l’article 35, le Comité sénatorial a, entre autres, recommandé que le gouvernement du Canada :

  • présente une initiative législative visant à ajouter une disposition de non-dérogation à la Loi d’interprétation fédérale
  • abroge toutes les dispositions de non-dérogation existantes figurant dans d’autres lois fédérales

Au fil des ans, des dispositions de non-dérogation aux libellés parfois différents ont été incluses dans plusieurs lois fédérales. Elles ont souvent été ajoutées au cours du processus parlementaire à la demande de peuples autochtones qui voulaient s’assurer que les lois seraient interprétées d’une manière qui maintient les droits ancestraux ou issus de traités garantis à l’article 35. Toutefois, certaines dispositions de non-dérogation contiennent des termes qui, selon les peuples autochtones, atténuent les droits protégés par l’article 35; ces dispositions devraient donc être abrogées.

Le 8 juin 2023, le gouvernement du Canada a présenté le projet de loi S-13, qui propose d’inclure une disposition de non-dérogation dans la Loi d’interprétation fédérale. Ce projet de loi répond directement aux recommandations formulées par le Comité sénatorial dans son rapport de 2007 et est le fruit d’un processus de consultation et de collaboration auprès des Premières Nations, des Inuits et des Métis.

À propos du projet de loi (S-13)

Proposition d’ajout d’une disposition de non-dérogation à la Loi d’interprétation fédérale

Le projet de loi S-13 a été présenté par le gouvernement au Sénat le 8 juin 2023. Son principal objectif est l’ajout d’une disposition de non-dérogation normalisée à la Loi d’interprétation fédérale pour faire en sorte que l’ensemble des lois et règlements fédéraux soient uniformément interprétés de manière à maintenir, et non à atténuer, les droits ancestraux ou issus de traités.

Avec l’ajout proposé d’une disposition de non-dérogation dans la Loi d’interprétation, il ne serait plus nécessaire d’inclure une disposition de non-dérogation dans des lois fédérales individuelles à l’avenir.

La disposition de non-dérogation normalisée proposée est ainsi libellée :

« Tout texte maintient les droits — ancestraux ou issus de traités — des peuples autochtones reconnus et confirmés par l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982; il n’y porte pas atteinte. »

Bon nombre de partenaires autochtones ont proposé d’utiliser à la fois « droits ancestraux ou issus de traités » et « droits des peuples autochtones » dans la disposition de non-dérogation. Une définition du terme « peuples autochtones » serait également ajoutée à la Loi d’interprétation pour expliquer clairement que l’expression « peuples autochtones » a la même signification, du point de vue juridique, que « peuples autochtones du Canada » au sens du paragraphe 35(2) de la Loi constitutionnelle de 1982.

Proposition d’abrogation des dispositions de non-dérogation existantes figurant dans d’autres lois fédérales

S’il est adopté, le projet de loi S-13 entraînera l’abrogation de la plupart des dispositions de non-dérogation afin d’assurer une meilleure uniformité dans l’interprétation des lois fédérales. Dans le cadre du processus de consultation et de collaboration, les partenaires autochtones ont cerné les dispositions de non-dérogation existantes qu’ils recommanderaient de conserver et celles qu’ils recommanderaient d’abroger.

Dès la sanction royale du projet de loi S-13, les dispositions de non-dérogation figurant dans les 26 lois fédérales suivantes seraient supprimées :

  • Loi sur les pêches (2019)
  • Loi du traité des eaux limitrophes internationales
  • Loi sur les eaux navigables canadiennes
  • Loi sur les espèces sauvages du Canada
  • Loi fédérale sur les hydrocarbures
  • Loi de mise en œuvre de l’Accord atlantique Canada — Terre-Neuve-et-Labrador
  • Loi de mise en œuvre de l’Accord Canada — Nouvelle-Écosse sur les hydrocarbures extracôtiers
  • Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs
  • Loi sur les armes à feu
  • Loi sur les océans
  • Loi maritime du Canada
  • Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999)
  • Loi sur les parcs nationaux du Canada
  • Loi sur le Yukon
  • Loi sur les aires marines nationales de conservation du Canada
  • Loi sur les espèces en péril
  • Loi sur la gestion financière des premières nations
  • Loi sur la gestion du pétrole et du gaz et des fonds des Premières Nations
  • Loi modifiant la Loi canadienne sur les droits de la personne
  • Loi visant à mettre fin à la captivité des baleines et des dauphins
  • Loi sur les langues autochtones
  • Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis
  • Loi sur le moratoire relatif aux pétroliers
  • Loi sur l’évaluation d’impact
  • Loi sur la Régie canadienne de l’énergie
  • Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones

À l’issue du processus de consultation et de collaboration, il a été entendu que les dispositions de non-dérogation des trois lois fédérales suivantes demeureraient en vigueur :

  • Loi sur le gouvernement du territoire provisoire de Kanesatake 
  • Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie 
  • Loi sur l’autonomie gouvernementale de la Nation shishalhe 

Processus de consultation et de collaboration

En décembre 2020, le ministre de la Justice et procureur général du Canada a annoncé le lancement d’un processus de consultation et de collaboration ciblé auprès des Premières Nations, des Inuits et des Métis au sujet de modifications législatives possibles qui permettraient d’appuyer l’ajout d’une disposition de non-dérogation à la Loi d’interprétation fédérale.

Au cours des mois de février et mars 2021, les fonctionnaires du ministère de la Justice Canada ont tenu environ une douzaine de réunions virtuelles et ont reçu plus de 30 observations écrites de groupes représentant un grand nombre d’organismes, de gouvernements et de peuples autochtones.

En 2022, les fonctionnaires du ministère de la Justice Canada ont élargi le processus de consultation et de collaboration afin de mieux comprendre les points de vue des partenaires autochtones concernant l’utilisation des dispositions de non-dérogation dans les lois fédérales. Des réunions bilatérales ont été organisées à partir de février 2022 et tout au long de l’année 2022.

Dans le cadre de la dernière étape du processus de consultation et de collaboration qui a duré six semaines, le gouvernement du Canada a communiqué une ébauche de proposition législative aux partenaires autochtones et publié cette ébauche sur le site Web du ministère de la Justice Canada du 1er mars 2023 au 14 avril 2023. Les Premières Nations, les Inuits et les Métis ont été invités à examiner l’ébauche de proposition législative et à faire part de leurs commentaires.

Le rapport sur que nous avons appris résume de manière exhaustive le processus de consultation et de collaboration qui s’est déroulé entre décembre 2020 et juin 2022.